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"Nous nous verrons en août" de Gabriel Garcia Marquez

Un article rédigé par Christophe Henning - RCF, le 4 avril 2024 - Modifié le 4 avril 2024
L'Actualité littéraire"Nous nous verrons en août", de Gabriel Garcia Marquez

« Chaque 16 août à la même heure elle faisait le même voyage, prenait le même taxi, s'arrêtait chez la même fleuriste et, sous un soleil de feu, dans ce même cimetière indigent, venait poser un nouveau bouquet de glaïeuls sur la tombe de sa mère. » Le rendez-vous annuel s’impose : Ana Magdalena Bach se rend sur l’île. D’une année sur l’autre, le pèlerinage se transforme en escapade. Pourtant, à 46 ans, avec deux enfants et un mari chef d'orchestre, elle a tout pour être heureuse selon la formule consacrée.

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Mais un premier faux-pas en entraîne un autre. Le désir se fait plus vif d’une année sur l’autre, sans conséquence pense-t-elle, mais l’infidélité vient perturber la vie paisible des époux : « Tout l’ordre des choses changea dès le moment où elle revient de l’île. » Il y a toujours les glaïeuls à déposer sur la tombe maternelle, les confidences délivrées à voix basse au cimetière. Mais la journée s’achève à l’hôtel, jamais le même, avec sa piste de danse et les hommes tels qu’ils sont : « Elles se fit à l’idée que sa première aventure s’était présentée à portée de main, comme un hasard heureux grâce auquel le choix lui était revenu, alors que lors de la seconde, elle avait été choisie. »

Un livre d’amour, de passion, telle qu’en propose la littérature latino-américaine…

Ce dernier roman de Gabriel Garcia Marquez est un livre émouvant, avec quelque chose de cinématographique, de voyeur parfois, d’épique. Traduit de l’espagnol par Gabriel Iaculli, le texte garde toute sa force jubilatoire, évoquant par ellipses les aléas des sentiments. Un texte qui n’aurait pas dû voir le jour et rester au fond d’un tiroir, le Nobel de littérature de 1982, estimant que l’histoire d’Ana Magdalena n’était pas achevée. Un texte pourtant qui a occupé Garcia Marquez pendant de longues années les premières pages inédites ayant été lues en public en 1999. Mais comment ne pas s’intéresser au dernier roman écrit par l’auteur colombien alors qu’il perd la mémoire : « La mémoire est à la fois ma matière première et mon instrument de travail. Sans elle, il n’y a plus rien », avait-il confié.

Dix ans après sa mort, le 17 avril 2014, ses descendants ont voulu cette publication, en sortie mondiale, comme un dernier hommage partagé par les lecteurs. Un livre posthume, certes avec des imperfections, mais animé aussi d’une tension narratrice que retrouveront les lecteurs de Chronique d’une mort annoncée, publié en 1981, et bien sûr de Cent ans de solitude, publié en 1967, un classique à lire, absolument, justement réédité en version collector.

Gabriel Garcia Marquez n’est pas avare de conseils

Toujours à l’occasion de l’hommage rendu à l’écrivain mort il y a dix ans, les éditions Seghers rééditent L’Atelier d’écriture, comment raconter une histoire. Et l’éditeur insiste : « Ce qui l’intéresse avant tout, c'est de saisir le processus à l'œuvre lorsque l'on écrit, ce moment indéfinissable où tout devient possible, ce mystérieux déclic qui toujours lui échappe. »

Nous nous verrons en août, Gabriel Garcia Marquez, éditions Grasset, et L’atelier d’écriture, du même auteur, éditions Seghers.

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