Jusqu’au 16 mars 2025, la Fondation Boghossian nous présente une exposition solo d’un grand artiste belge, intitulée ALECHINSKY Pinceau Voyageur. Toute la vie, les aspirations, les désirs, l’imagination de Pierre Alechinsky résumée dans ces deux mots « Pinceau Voyageur ». Dany, dans sa chronique Histoire de voir, nous livre ses impressions.
Né en 1927 à Bruxelles, Pierre Alechinsky a étudié la typographie et l’illustration du livre, tout en s’adonnant à la peinture. : Peinture à l’huile d’abord, puis peinture acrylique. Intéressé par tout ce qui concerne l’écriture, il se rend au Japon en 1955 et découvre avec passion la calligraphie japonaise à propos de laquelle il tourne un film documentaire.
Tout dans cette calligraphie le fascine. Le support : le choix du papier, sa fabrication traditionnelle, sa texture. L'encore : cette encre fabriquée à l’ancienne, vendue en petits blocs durs qu’il faut frotter et additionner d’eau pour la diluer. Et surtout... le pinceau ! Pour la calligraphie japonaise, de nombreux pinceaux différents sont disponibles. Pierre Alechinsky s’en est choisi un, composé de 9 cm de poils de chèvre, montés sur 19 cm de bambou 1er choix.
Un papier posé à plat sur le sol, son pinceau dans la main gauche, un bol d’encre dans la main droite, Pierre Alechinsky se penche en avant et le voyage commence. Il peint comme on écrit, il devient son pinceau, il vit sa liberté de peindre, et nous vivons son voyage par procuration à travers son pinceau. Il peint. Il laisse glisser son pinceau sur le papier blanc, sur le papier de cartes maritimes, sur le papier des cartes aériennes de l’ONU, sur les plaques de laves émaillées, sur la toile, sur la porcelaine, et même sur un clavecin.
Tous les supports sont prétextes au voyage. Encre blanche sur papier noir, encre noire sur papier blanc, les bols de couleurs attendent l’histoire que le pinceau va raconter. Car le pinceau raconte. Il raconte les mondes anciens, les mondes nouveaux, l’imagination d’Alechinsky est sans limite. Et le pinceau l’accompagne partout dans ses voyages.
Le style, la « patte » d’Alechinsky est inimitable. Quel que soit le sujet qu’il choisit et développe, quelle que soit la technique privilégiée, à travers la centaine d’œuvres présentées, on sent une énergie et un dynamisme bouillonnant qui se libèrent.
Le pinceau raconte… Une grande toile, un papier marouflé, une peinture au centre, ou un estampage, entouré(e) d’une bordure divisée en cases, et dans chaque case, une histoire. Puis un jour, après bien des années de vieilles habitudes, la bordure se libère des cases et devient une histoire fluide, sans commencement ni fin autour du sujet central.
Je me suis assise quelques fois, face à certains tableaux, me plongeant en eux et me laissant emporter dans les méandres des coups de pinceaux. Créant moi-même mes propres scénarios.
J’aime ses bleus. J’aime m’y perdre…
Ses bleus cobalt aux harmonies douces me ramènent aux porcelaines précieuses d’Orient, les rouges sang et les noirs me plongent dans un univers d’angoisse, où certains personnages, esquissés, grimacent… Je n’ai pas envie de quitter le monde fascinant de Pierre Alechinsky…
Venez donc découvrir les histoires que le pinceau voyageur de Pierre Alechinsky a inventées pour vous. Cela se passe à la Fondation Boghossian, dans la Villa Empain, jusqu’au 16 mars prochain.
Chaque jour, dans Bruxelles Ma Belge, Delphine Freyssinet met en lumière un projet artistique ou sociétal bruxellois.
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