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Pourquoi Dinant est-elle la ville du saxophone ?

Un article rédigé par Yves Thibaut de Maisières - 1RCF Belgique, le 24 juillet 2024 - Modifié le 29 août 2024
La balade de l'été : de sacrées escapadesLa maison Sax et le festival de jazz de Dinant

Faut-il rappeler les liens qui unissent Adolphe Sax (inventeur du saxophone) et la ville de Dinant ? A l'emplacement de sa maison natale existe un musée qui permet de découvrir l'histoire de cet instrument dont l'existence de l'inventeur fut très agitée ! Yves Thibaut de Maisières a rencontré le responsable des lieux, Marc Navet. 

Sculpture d'Adolphe Sax devant l'emplacement de sa maison natale ©1RCF BelgiqueSculpture d'Adolphe Sax devant l'emplacement de sa maison natale ©1RCF Belgique

A Dinant, nul ne peut se balader dans la ville sans se rendre compte de l'omniprésence du Saxophone et des effigies de son inventeur, Adolphe Sax - né à Dinant en 1814. 

Une carrière musicale prédestinée 


Adolphe Sax est l'aîné de 11 enfants, il est né en 1814 ici à Dinant. 

Il est le seul enfant Sax qui est né à Dinant. La musée de la maison Sax se trouve à l'emplacement de sa maison natale - aujourd’hui disparue. Malheureusement, sa maison natale a été détruite en 1914. Il a vécu quelques mois ici avant que son père ne soit appelé à Bruxelles, puisque son père était déjà facteur d'instruments. Il était déjà réputé et avait déposé plusieurs brevets. Il a été appelé à Bruxelles pour continuer sa carrière et le brave petit Adolphe a accompagné ses parents. 

Est-ce que ça le prédestinait à cette carrière qu'il va faire toute sa vie ? 

Oui, je pense qu'il y a trois facteurs, trois éléments qui convergent vers le fait qu’ Adolphe Sax a pu être l'inventeur d'un nouvel instrument. Il était déjà dans le milieu musical - dans le métier - puisque son père construisait déjà des trompettes, des clarinettes, etc. Très vite, il s'est intéressé à ce métier-là, il aidait son papa, il traînait dans ses ateliers. Le deuxième élément favorable, c'est qu'il est né à Dinant, la ville de la dinanderie, le travail du cuivre et du laiton battu au marteau. C'est l’un des rares artisanats qui vient d'un nom propre de la ville dont il est issu. On dit aussi qu'il avait l'oreille absolue. Ces trois facteurs ont fait qu' Adolphe Sax est devenu ce génie qu'on connaît.

Une vie agitée 

Il est descendu en France en 1842, mais n'a jamais vraiment été accepté. Il a toujours été considéré comme un étranger qui venait montrer aux Français comment faire des instruments. Ses adversaires ont continuellement tenté des procès pour plagiat, il a été extrêmement diffamé. Toute sa vie, il s'est battu contre ces procès-là. Toute sa maigre fortune est passée à payer ses avocats et payer le procès. Finalement, il est mort ruiné mais il est sorti blanchi de toutes les attaques auxquelles il a dû faire face. 

On le connaît comme inventeur du saxophone, mais il a été plus que ça ! C’était un génie de la musique avant tout. 

C'est un génie de la musique, en effet. Il a inventé une nouvelle façon de noter les notes. Puis, il a inventé ce qu'on appelle la clarinette basse. Notons aussi qu’il a amélioré de nombreux autres instruments, comme la simple clarinette.

Il a aussi conçu des plans pour des salles de spectacle en forme d'œuf, pour permettre à chaque spectateur, où qu'il soit installé, de recevoir la même quantité et de qualité de son. 

Dans son existence, une rencontre a été déterminante à Paris, celle avec Hector Berlioz. Qu’a-t-elle changé dans son parcours ?

C'est une coïncidence, si on peut dire. Lorsqu’il débarque à Paris, il a deux francs six sous en poche et il ne connaît personne à l’exception d’une connaissance du compositeur Berlioz, qui lui organise une entrevue avec lui. L’occasion était trop belle, Sax en a profité pour faire connaître au compositeur de la Damnation de Faust toutes ses idées géniales. Il s’est bien demandé ce que pensait Berlioz de tout ça, celui-ci ne lui n’exprimant aucune remarque au jeune artiste. Il aura fallu attendre le lendemain pour qu’ Adolphe Sax lise une chronique dithyrambique à son égard dans le Journal des Débats en juin 1842. Voilà l’étrier qu’il lui fallait pour sa carrière, complétée par une belle amitié avec Hector Berlioz

Un chef d’entreprise avisé

Il ne s’est pas contenté de mettre au point un nouvel instrument de musique, il va aussi les produire par milliers…

Oui, des milliers d'instruments de musique : près de 20.000 ! Le génie de Sax, c'est d'avoir appliqué une formule mathématique à la conception de ses instruments : il avait compris la hauteur exacte de la colonne d'air qui doit passer dans l'instrument - étant donné que sa section est conique - et il savait exactement où faire les trous pour placer les doigts et les clés.

Tous les instruments qui sortaient des entreprises jouaient juste, ce qui causait une effroyable jalousie chez ses concurrents qui n’en produisaient que 20 à 30% à la fin de la chaîne. Après la reprise des fabriques par son fils, il y a un peu plus de 100 ans, ce sont les entreprises Selmer à Paris qui ont repris les usines Sax et le brevet.

La renommée du saxophone a-t-elle été atteinte durant l'existence d'Adolphe Sax ?

Le problème avec le saxophone, c'est que son brevet fut déposé en 1846. Or, c’est en 1830 qu’on a codifié une fois pour toutes la composition d'un orchestre symphonique. Dans un orchestre symphonique, vous avez des tubas, des bassons, des violons, des timbales - tout ce que vous voulez -, mais on ne retrouve pas de saxophone. 

Le nouvel instrument de Sax a eu des difficultés à s'imposer, parce qu'au départ, c'était un instrument pour les clowns, pour les cirques, pour les forains. Adolphe Sax s'est démené pour encourager les grands compositeurs à écrire de la musique pour les saxophones, ce que ceux-ci n’ont pas fait de façon foisonnante. C’est le jazz qui va faire la part belle au saxophone. Le style musical revient des États-Unis, mais c'est grâce aux instruments de l'armée qu’il a pu s’imposer dans toute l'Europe. Finalement, on a pu  reconnaître que c'est un instrument valable !

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