C'est l'équipement tendance des sites touristiques autant que des musées : le casque d'audiodescription. À chaque étape d'un parcours très encadré, le visiteur profite d'informations complémentaires pour enrichir sa visite. Le Musée des Confluences de Lyon l'expérimente pour la première fois avec l'exposition photographique "En forêt avec Vincent Munier" dans un format moins contraignant.
Dans la salle de l'exposition temporaire, il n'y a ni borne audio ni banque de retour des casques. Et pour cause : l'audiodescription telle qu'elle est testée actuellement par le Musée des Confluences se veut beaucoup plus accessible. Pour en bénéficier, pas de surcoût tarifaire ni de casque à l'état parfois aléatoire. Un smartphone et des oreillettes suffisent pour retrouver les œuvres photographiques de Vincent Munier sur une plateforme numérique accessible via un QR Code. Un avantage pour le visiteur qui peut choisir les photographies dont il souhaite entendre le commentaire et qui lui offre une liberté totale dans sa visite. « Il peut revenir en arrière, regarder les photos dans l'ordre qu'il veut ou encore réécouter un commentaire s'il le souhaite » détaille Pascale Humbert, la directrice la Fondation Visio en charge de la mise en place du programme d’audiodescription.
La fondation Visio, basée à Angers, s'est fixée comme objectif de rendre l'art et la culture accessibles aux déficients visuels. C'est elle qui, de concert avec l'audio-descripteur professionnel Morgan Renault, a permis de rendre l'exposition « totalement accessible aux déficients visuels, adultes comme enfants. L'objectif c'était de rendre visibles les photos. Morgan [Renault, ndlr] a rédigé le texte, c'est aussi la voix de la narration. Nous l'avons enregistrée en studio et nous avons créé la plateforme vidéo » qui héberge les commentaires d'une dizaine de photos notamment. « C'était un choix cornélien » reconnaît Pascale Humbert, qui s'est fait en collaboration avec Vincent Munier et la chargée d'exposition. Outre le caractère original et emblématique des visuels choisis, il fallait qu'ils soient « audiodescriptibles », c'est-à-dire à la complexité limitée. Et c'est ici qu'entre en jeu le talent de Morgan Renault. « C'est une très belle plume, avec une patte littéraire mais c'est aussi un amoureux de la nature donc il sait décrire les décors, les animaux et l'environnement ». Par ailleurs, Morgan Renault et Vincent Munier se connaissent « très bien. On a déjà travaillé ensemble sur le film "La Panthère des neiges" ». C'est d'ailleurs cette collaboration cinématographique qui a permis d'envisager, deux ans plus tard, l'audiodescription sur cette exposition, proposée ensuite au Musée des Confluences.
En complément des commentaires photographiques, un premier audio revient sur la scénographie et les partis pris par le musée, un film d'une durée de vingt minutes et l'interview de Vincent Munier ont été audiodécrits alors qu'un dispositif explique les caméras piège installées. « C'est une expo virtuelle d'une heure à une heure et demie » résume Pascale Humbert.
Si l'audiodescription a envahi nos programmes de télévision, les coulisses de sa réalisation sont plus méconnues. « L'audiodescripteur est un traducteur d'images. Son objectif, c'est de rendre visible ce que les gens ne peuvent pas voir. C'est un dispositif technique où on va prendre les éléments essentiels d'une œuvre pour la faire comprendre. Surtout, il ne s'agit pas de tout dire, ce serait imbuvable » explique Pascale Humbert. Au cinéma, une minute de film correspond à une heure de travail d'audiodescription pour ne pas générer de contresens avec la vision de l'artiste.
Décor, costumes, personnages, tout est analysé avant d'être complété par des éléments documentaires complémentaires dans le cas de l'exposition photo. « C'est un métier de professionnel à part entière qui suppose un champ sémantique important. C'est raconter une histoire et emmener la personne dans cette histoire pour qu'elle puisse se créer son propre imaginaire et se représenter mentalement ce qui est à l'image. Ça doit créer une émotion ». Une fois écrits, les textes sont relus par des déficients visuels spécialement formés pour s'assurer de la compréhension. Une couleur difficile à visualiser ou un détail peu clair sont ainsi repensés avant de pouvoir être enregistrés en studio.
Pour le Musée des Confluences, chaque commentaire a été limité à deux minutes trente maximum.
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