Roland Gori observe et dénonce les effets du libéralisme, qui promet l'émancipation et le progrès de l'individu mais fait de l'homme un instrument esseulé à qui échappe le sens de sa vie.
Dans "L'individu ingouvernable" (2015), Roland Gori montrait comment l'industrialisation et la technocratie avaient modifié durablement notre rapport au monde. Cette fois, il pointe du doigt la "contradiction entre les principes du libéralisme" d'un côté et "la réalité des faits" de l'autre, où l'homme est transformé "en instrument".
Autonomie, raison, espoir dans le progrès... Dans "Qu'est-ce que les Lumières?" (1784) Emmanuel Kant montrait que le libéralisme philosophique était un discours d'émancipation. Or, dès la fin du XIXè siècle, nous dit Roland Gori, "les individus sont pris dans une espèce d'individualisme de masse, esseulés, désolés, atomisés... Finalement l'autonomie c'est une extrême solitude".
"La prolétarisation de l'existence n'est pas seulement matérielle." Le psychanalyste nomme "misères symboliques" les misères "morales, culturelles, spirituelles". Selon lui, le libéralisme, en menant au taylorisme et à la fragmentarisation des taches, a dépossédé l'homme de son savoir-être et de son savoir-faire d'artisan. "Il est dépossédé du processus de production."
Et Roland Gori de citer Hannah Arendt et son ouvrage "Eichmann à Jérusalem - Rapport sur la banalité du mal" (1966), où elle montrait comment "le système nazi s'est appuyé sur des hommes qui agissaient comme des machines".
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !