Si le mot "conclave" est parfois utilisé dans la vie politique française pour désigner une réunion à huis clos, le mot vient de la tradition catholique. À l'origine, ce sont les cardinaux qui, au Vatican, se réunissent en conclave pour élire un nouveau pape. Une étape essentielle donc, dans l’histoire de l’Église catholique. Et comme souvent dans le plus petit État du monde, le choix d'un nouveau souverain pontife est entouré de rites et de symboles, comme la fumée noire et la fumée blanche…
Au Vatican, un événement aussi important que l’élection d’un pape est quelque chose de très codifié. Il y a de nombreuses règles à suivre et rituel précis ponctué de mots en latin. L'essentiel se passe lors du conclave, c’est-à-dire la réunion des cardinaux chargés d’élire le nouveau pape - du latin cum clave ("avec clé"). Il se fait à huis clos dans la chapelle Sixtine. Rien ne doit filtrer de ce qui se fait et se dit sous la célèbre fresque de Michel-Ange.
"Vere Papa mortus est", annonce le camerlingue au vicaire du diocèse de Rome et au doyen du Collège des cardinaux. Après la mort du pape, ou la renonciation effective du souverain pontife, le Vatican entre dans une période appelée "Sede vacante", c’est la vacance du Siège apostolique. Le trône de l’apôtre Pierre est vide et tous les responsables des dicastères, c’est-à-dire les ministères au Vatican, sont automatiquement démis de leurs fonctions. En cas de décès du souverain pontife, la période qui suit est un temps de deuil appelé novemdiales.
Durant le Sede vacante, on compte sur le camerlingue et le collège cardinalice pour gérer les affaires courantes du Vatican en l’absence de pape. L’actuel camerlingue est le cardinal américain d’origine irlandaise Kevin Farrell, nommé à ce poste par le pape François le 14 février 2019. Il a succédé au cardinal français Jean-Louis Tauran, décédé en 2018. À 77 ans, Kevin Farrell fait partie des cardinaux électeurs.
Les cardinaux électeurs ont un délai de quinze jours minimum et vingt jours maximum après la mort du souverain pontife ou sa renonciation effective, pour se rendre au Vatican et commencer les votes. Un délai fixé par l’article 37 de la constitution apostolique "Universi Dominci Gregis" (1996) signée sous le pontificat de Jean-Paul II. Le conclave est convoqué par le collège des cardinaux, ou Sacré-Collège, c’est-à-dire l’ensemble des cardinaux.
Ce sont eux, les cardinaux, qui se réunissent en congrégations générales. Ils organisent la tenue du conclave : du logement des cardinaux venus de loin à l’aménagement de la chapelle Sixtine où se feront les votes... Le temps dit des congrégations générales, c’est aussi celui où l’on discute entre cardinaux, on s’écoute, on échange. Un moment déterminant puisque c’est parmi les électeurs que se trouve le futur pape. On dit que c’est le discours qu’a tenu Jorge Bergoglio, futur pape François, lors des congrégations générales qui a suscité l’intérêt des cardinaux.
Avant d’entrer en conclave, les cardinaux se rendent dans la basilique Saint-Pierre vidée de ses visiteurs, pour assister à la messe "pro eligendo Papa" (pour l’élection du pape). L’article 12 de la constitution apostolique Universi Dominci Gregis prévoit que les électeurs prêtent serment et promettent de "maintenir scrupuleusement le secret sur tout ce qui a rapport de quelque manière que ce soit avec l'élection du Pontife Romain". Ils doivent même poser la main sur l’Évangile et dire : "Que Dieu m'aide en cela, et ces saints Évangiles que je touche de ma main."
Le secret le plus grand entoure l’élection du chef de l’Église catholique. Durant le conclave les cardinaux, qui logent à la maison Sainte-Marthe, ne doivent avoir aucun contact avec l’extérieur. Sauf cas grave ou exceptionnel, ils ne peuvent communiquer par téléphone ni même consulter la presse. Pour signifier au peuple de Rome et au monde entier que le pape n’est pas élu, une fumée noire sort de la cheminée du toit le chapelle Sixtine à la fin de la journée. Une fumée blanche signale qu’un nouveau pape a été choisi.
Il faut les deux tiers des voix des cardinaux pour valider l’élection d’un pape. Il y a un premier vote l’après-midi du premier jour de conclave. Puis on vote à raison de scrutin le matin et deux l’après-midi au maximum. Si aucune fumée blanche n’apparaît au bout de trois jours, les cardinaux font une pause. Le temps de prier et de discuter entre eux avant de reprendre pour trois jours et ainsi de suite.
À ce jour, le collège des cardinaux électeurs compte 136 votants. Parmi eux, 110 ont été créés par le pape François. Parmi les plus âgés qui auront dépassé la limite d’âge en 2025, notons le cardinal Robert Sarah (80 ans le 15 juin), créé cardinal par Benoît XVI, ou le dominicain britannique Timothy Radcliffe (80 ans le 22 août), créé par le pape François.
Celui qui obtient les deux tiers des voix doit donner son consentement. Il annonce aussi aux cardinaux le nom de pape qu’il a choisi avant d’entrer dans la "chambre des larmes". Une petite pièce attenante à la chapelle Sixtine où il revêt la soutane blanche et les ornements pontificaux. Les "larmes" sont celles qu’éprouve le nouveau successeur de Pierre sous le poids écrasant des responsabilités qui vient d’un coup peser sur lui.
C’est ensuite au protodiacre d’annoncer sur le balcon de la basilique Saint-Pierre devant les fidèles réunis sur la place : "Habemus papam". Depuis le 28 octobre 2024, la cardinal protodiacre est le Français Dominique Mamberti.
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