Jean-Claude Snyders est un professeur agrégé de lettres classiques qui a passé son enfance à Nancy. Son père a survécu au camp d'Auschwitz. Il revient dans ce septième essai sur les conséquences d'un tel traumatisme au sein des relations familiales. Avec Il faudrait que tu croies enfin à ma tendresse, il s'interroge : et si la douceur prévenait les enfants de devenir des bourreaux ?
Jean-Claude Snyders a écrit Il faudrait que tu croies enfin à ma tendresse. Si l'oeuvre est autobiographique, son message est, lui, plus général. "Parler de soi, c'est parler des autres", nous explique-t-il.
Ce 7e récit s'adresse à son père, rescapé du camp d'Auschwitz. "Quand on est petit, on se croit le centre de tout. J'ai dû penser que les colères de mon père étaient dues à quelque chose que j'avais fait. Il y a une culpabilité qui s'est mise en place." Ce qu'il avait vécu, Georges Snyders n'en parlait pas. "Il pensait qu'en gardant le silence, on échapperait à l'influence de son histoire", témoigne le professeur agrégé. Mais que ressentait le nancéen face à ce silence ? "Un enfant qui voit un de ses parents souffrir n'a qu'une envie", nous répond-il, "c'est de l'aider à surmonter sa souffrance. C'est ce que j'ai voulu montrer."
Pour Jean-Claude Snyders, veiller à avoir une éducation douce est primordial. "La plupart des parents qui sont trop durs avec leurs enfants (...) ne savent pas que leurs enfants les aiment." Pour lui, il est essentiel de ramener de la tendresse, de la douceur et du pardon au centre de la relation parent-enfant. "Il ne faut pas rester fixé sur une dispute. Il faut essayer de garder chevillée au corps l'idée que nos enfants nous aiment, même quand ils nous parlent mal, même quand ils ne nous parlent pas." Pour l'auteur de sept essais autour du monde de l'enfant, l'éducation conditionne la violence des bourreaux. "Les enfants aiment leurs parents. Beaucoup de parents ignorent cette réalité. S'ils savent que leurs enfants les aiment, ils traiteront leurs enfants d'une telle manière que celui-ci ne sera pas plus tard dominé par la haine. Tout le monde ne peut pas devenir un bourreau", conclut-il, mais "une éducation douce permet de lutter contre la cruauté dans le monde".
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