C’est une page d’histoire dramatique que nous évoquons aujourd’hui avec mes invités puisque nous commémorons le génocide perpétré au Rwanda il y a trente ans. C’est par la littérature qu’on peut aborder l’indicible, et c’est par le roman qu’on entre aussi dans la complexité d’une histoire qui a bouleversé mille destins.
Julienne
Avec Julienne, l’héroïne de Scholastique Mukasonga, on découvre le Rwanda des années qui précèdent le massacre. La liberté n’est déjà plus qu’un nom, la tension entre Hutus et Tutsis est permanente, ces derniers sont en exil dans leur propre pays. Heureusement, il y a la famille, les amis, et le courage de vivre. Certains, comme Julienne, parviennent à s’échapper, mais jusqu’où ? et pour quelle vie ?
Scholastique Mukasonga est née au Rwanda, elle vit aujourd’hui en Normandie. Son œuvre littéraire est impressionnante, commencée en 2006, inspirée par sa propre histoire et l’histoire de ses proches. Je citerai Notre-Dame du Nil, qui lui a valu le Renaudot en 2012. Il y a toujours un peu d'elle dans ses romans et beaucoup de cette histoire douloureuse du Rwanda. Elle-même a connu l’exil, et en 1994 pas moins de 37 membres de sa famille sont morts lors du déferlement de violence des Hutus à l’égard des Tutsis. S'il est douloureux de toujours revenir à cette tragédie, l'écrivaine fait un formidable travail de mémoire.
Julienne, de Scholastique Mukasonga, chez Gallimard.
Perdre la main
Pour Dominique Sigaud, c’est un regard professionnel qu’elle portait sur la tragédie du Rwanda, en 1994. Trente ans après, elle reste habitée par ce qu’elle a vu, entendu, vécu. Trente ans après, elle parvient enfin à mettre des mots sur ce qui l’a bouleversée sans qu’elle parvienne à calmer sa colère. C’est dans texte très littéraire qu’elle raconte, livre un témoignage bouleversant.
Dominique Sigaud est journaliste, grand reporter, essayiste aussi, elle a écrit de nombreux livres, la Société des gens de lettre lui a décerné un prix pour l’ensemble de votre oeuvre, c’était en 2018. En 2019, elle publie « La malédiction d’être fille » chez Albin Michel, essai que reçoit le prix des Droits de l’homme. Il y a longtemps qu'elle est engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes, et notamment au Rwanda. En 1996, elle a reçu le prix de l’Association des femmes journalistes pour votre article «Tutsies et Hutues : elles reconstruisent ensemble le Rwanda en ruine». Pourtant, il a fallu trente ans pour écrire « Perdre la main ».
Perdre la main, de Dominique Sigaud, est publié chez Globe.
COUPS de COEUR
D’abord, un ouvrage collectif sous la direction de Stéphane Audoin-Rouzeau : « Interroger le génocide des Tutsi, c’est tenter de comprendre les ressorts de notre regard sur les violences extrêmes, de notre morale, de nos lâchetés, de nos collusions. De comprendre aussi les contours de notre commune humanité. » le titre : « Le choc. Rwanda 1994 : le génocide des Tutsi » aux éditions Gallimard
Autre livre bouleversant, celui de Laurent Larcher, sous le titre « Papa, qu’est-ce qu’on a fait au Rwanda ? La France face au génocide ». S’adressant à sa fille, l’auteur se confie : « Je vais te raconter ici une histoire inouïe où la mort de centaines de milliers de femmes, d’hommes et d’enfants a moins compté de la défense de nos intérêts ». « Papa, qu’est-ce qu’on a fait au Rwanda », de Laurent Larcher est publié au Seuil
Vous pouvez retrouver ces auteurs et poursuivre la réflexion autour du drame rwandais en écoutant en podcast l’émission de Frédéric Mounier, « les racines du présent » consacrée aux mystères du génocide rwandais.
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