Quarante ans après sa disparition, le 29 mai 1982 à l’âge de 43 ans, l’actrice allemande continue de rayonner dans les cœurs et l’esprit de nombreux cinéphiles qui n’ont pas oublié l’actrice et la femme d’exception qu’elle était. Une comédienne des sentiments à la beauté naturelle que Claude Sautet, Jacques Deray, Pierre Granier-Deferre ou encore Robert Enrico, pour ne citer que quelques réalisateurs, auront eu le privilège de diriger.
La Symphonie du cinéma évoque, cette semaine, Romy Schneider à qui la Cinémathèque française consacre depuis le 16 mars et jusqu’au 31 juillet, à la fois une exposition et une rétrospective.
Radieuse en Elisabeth de Bavière, Romy Schneider éblouit dans le rôle de Sissi en 1955. Elle n’a que 16 ans et déjà l’Europe du cinéma est à ses pieds. Le film sera suivi de deux suites, en 56 et 57, accompagnée à chaque fois de la musique du compositeur autrichien Anton Profes. Le film comprend également plusieurs valses de Johann Strauss, l'Alleluia du Messie d’Haendel ou encore l'Intermezzo de l'opéra Carmen, de Bizet.
Romy Schneider avait fait ses premiers à l’écran en 53 grâce à sa mère, Magda Schneider, elle-même comédienne, qui la recommande au producteur Kurt Ulrich. Dans la foulée, elle connaît ses premiers succès en Allemagne avant d’être repérée par Ernst Marischka qui a le projet de porter l’écran la vie romanesque d’Elizabeth de Bavière. Le succès sera fulgurant dans toute l’Europe.
Christine ou le film de la rencontre entre Alain Delon et la star montante qu’est Romy Schneider. En 1958, c’est elle-même qui choisit ce jeune et prometteur acteur français dont elle va tomber éperdument amoureuse. L’année d’après, le couple se fiance et s’installe à Paris. Delon lui présente Luchino Visconti. Romy abandonne son éducation bourgeoise pour les soirées parisiennes branchées. Dans le film de Pierre Gaspard-Huit, Romy Schneider incarne la fille d’un musicien, séduite par un officier de l’armée prussienne. Le film dresse un tableau de la société viennoise d'avant la Première Guerre mondiale à travers une romance à l’issue tragique. La musique est quant à elle de Georges Auric.
Ma mère ne voulait pas me laisser faire ce métier, mais plus tard elle ne m'a pas empêchée. J'espère pouvoir arrêter au juste moment
L’Amérique n’est pas insensible à l’actrice qu’elle va surnommer « la petite fiancée du monde ». La Columbia va lui offrir un contrat de sept ans (pour sept films et un cachet d'un million de francs pour chacun de ses rôles). Elle s'installe à Hollywood et joue dans Le Procès, d’Orson Welles en 62.
Romy Schneider peine à se faire à la vie des plateaux américains et préfère rompre son contrat en 1965, non sans avoir tourné Quoi de neuf pussycat? de Clive Donner et Le Cardinal, d’Otto Preminger en 63. Un film très fort sur le sentiment de culpabilité et le destin à travers un homme d’église confronté à ses sentiments et au nazisme. Et c’est Jerome Moross qui compose la bande originale. On doit à ce compositeur et chef d'orchestre américain nombre de musiques de westerns comme pour Les Grands Espaces, de William Wyler.
De retour à Paris et séparée d’Alain Delon, Romy Schneider tourne assez peu au contraire de ce dernier qui enchaîne les grands rôles en cette première moitié de décennie avec Plein Soleil, Rocco et ses frères, L’Eclipse ou encore Le Guépard. En décembre 1966, elle donne naissance à son premier enfant, David, né de l’union avec l’acteur et metteur en scène berlinois Harry Meyen. L’actrice a 28 ans et la blessure de la rupture avec Alain Delon est encore vive.
Inoubliable Romy Schneider qui en 1969 reforme un couple mythique avec Alain Delon dans La Piscine, de Jacques Deray. Un film lumineux aussi bien au propre qu’au figuré, magnifié par la lumière de l’été et la beauté des corps des deux acteurs. Pour la musique, c’est Michel Legrand qui signait une partition jazzy easy listening, avec l’emploi notamment de ses propres vocalises et de celles de sa sœur Christiane, comme deux voix intérieures des deux acteurs. Sans oublier le violon de Stéphane Grappelli, en équilibre entre pop et musique jazz. « Mon intention, racontait Michel Legrand, était de faire sentir qu'un volcan grondait et pouvait tout emporter. »
Le vent s'est levé lundi et je suis contente et je t'écris ma cinquième lettre et je m'attends à ton cinquième silence
En 1966, l’actrice tourne dans La Voleuse, de Jean Chapot et partage l’affiche pour la première fois avec Michel Piccoli qui sera l’un de ses grands partenaires à l’écran dans la décennie suivante. Un couple magnifié chez Sautet notamment dans Les Choses de la vie.
Chez Claude Sautet, le cinéaste des sentiments, elle s’épanouit. Il lui offre respectivement trois grands rôles en 1970, 1971 et 1972 : Les Choses de la vie, d’abord, puis Max et les ferrailleurs et enfin César et Rosalie. Trois films qui feront date et révèleront une Romy Schneider, à la fois amoureuse éperdue magnifique et tourmentée face à ses partenaires successifs que sont Michel Piccoli, Yves Montand et Sami Frey.
Philippe Sarde, alors au début de sa jeune carrière, étale tout son talent. Compositeur de la couleur musicale, sa partition en particulier pour Les Choses de la vie reste à ce jour un sommet de musique de film.
1970, c’est Les choses de la vie mais c’est aussi un autre film pour Romy Schneider, La Califfa où elle incarne face à Ugo Tognazzi une meneuse syndicaliste dans l’Italie des années de plomb…
Huit ans après une première expérience italienne avec Visconti dans Boccace 70, Romy Schneider tourne dans La Califfa, le premier long métrage du poète et romancier Alberto Bevilacqua, un drôle de film entre poésie fellinienne et drame politique, avec une partition d’Ennio Morricone. Dans la lignée de ses collaborations chez Sergio Leone, Le Maestro romain crée un grand thème qu’il jouera par la suite régulièrement dans ses concerts. Une synthèse typique du style morriconien fait d’accords de trompettes et piano délicat sur des nappes de violons mélancoliques.
En 1975, Romy Schneider partage l’affiche avec un autre grand acteur des années 70, Philippe Noiret, avec lequel elle forme un couple inoubliable dans Le Vieux Fusil…
Le titre thème du film, Clara 1939, évoque les jours heureux et la rencontre entre Romy Schneider qu’épouse Philippe Noiret, un vieux garçon endurci qui a le coup de foudre alors que la guerre frappe bientôt à la porte. Trois mois après la sortie en salles du Vieux Fusil, le regretté François De Roubaix meurt à 36 ans en se noyant au large des Canaries. L’académie des César naissante lui décernera à titre posthume la première statuette de son histoire dans la catégorie meilleure musique de film.
Romy Schneider retrouvera Claude Sautet et Michel Piccoli l’année suivante pour Mado, puis à nouveau, en 1982, chez Jacques Rouffio pour La Passante du Sans-Souci, son dernier rôle, qui la ramenait une nouvelle fois à ses origines allemandes et aux années 40. Un film d’une grande force à voir ou à revoir, et avantageusement porté par la musique de Georges Delerue.
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