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Sergio Leone 1/2

Un article rédigé par Fabien Genest Natio - RCF,  - Modifié le 17 juillet 2023
Plongée dans le cinéma de Sergio Leone à travers deux émissions. Cette semaine, première partie, les débuts et la naissance du mythe et du western spagehtti.
Massimo Dallamano United ArtistsMassimo Dallamano United Artists


Ennio Morricone et Sergio Leone
©  Gamma Rapho Getty

Pour ce troisième rendez-vous, La Symphonie du cinéma vous invite à découvrir, ou redécouvrir, le cinéma magique de Sergio Leone.
Cette semaine, les premiers pas d'un jeune Romain cinéphile qui allait inventer un nouveau genre avec ses codes et une part prépondérante donnée à la musique d'ambiance sublimée par Ennio Morricone. Le western spaghetti était né.

En 1959, Mario Bonnard, assisté du jeune Sergio Leone, alors âgé de tout juste 30 ans, réalise Gli Ultimi Giorni di Pompei, un péplum en vogue alors.
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 ©   ABC Filmverleih

Titoli, Gli Ultimi Giorni di Pompei

La musique, de circonstance, est signée quant à elle  Angelo Francesco Lavagnino.
Voilà plus de 10 ans, déjà, que Sergio Leone a intégré le monde des plateaux comme assistant notamment pour Carmine Gallone dans l'adaptation d'opéras mais aussi pour William Wyler cette même année 1959 sur le prestigieux Ben Hur.
En 1948, on le découvre déjà figurant, jouant furtivement un séminariste dans Le Voleur de bicyclette, de Vittorio De Sica, qu’il assiste pour ce chef d’œuvre du néoréalisme dont la bande originale est d’Alessandro Cicognini, compositeur italien majeur de nombreuses musiques de films entre 1936 et 1966.

I Ladri di biciclette main theme

Le Voleur de bicyclette (I Ladri di biciclette) et sa tragédie vécue par Antonio, honnête père de famille dans l’Italie prolétaire d’après-guerre, dont la vie bascule le jour où on lui dérobe ce vélo, synonyme de travail et d’espoir de s’en sortir.  Inoubliables Lamberto Maggiorani et Enzo Staiola qui joue Bruno, le fils si fier de ce père courageux. Le Voleur de bicyclette remporte l’Oscar du meilleur film étranger à Hollywood en 1949.

Trailer Il Colosso di Rodi

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Rory Calhoun (aÌ€ droite) dans Il Colosso di Rodi ©  Antonio L. Ballesteros

En 1961, Le Colosse de Rhodes est considéré comme LE premier film de Sergio Leone qui remplace Mario Bonnard sur le tournage, au générique duquel il sera crédité comme coréalisateur.  A cette période, Sergio Leone commence à écrire ses premiers scénarios. Lui vient alors une idée. Face au déclin du western américain, il va s'approprier le genre. A sa façon.
C’est ainsi que trois ans plus tard sort sur les écrans Pour une poignée de dollars, qu'il réalise sous le pseudonyme de Bob Robertson, clin d’œil à son père comédien à succès au début du siècle sous le nom de scène de Roberto Roberti. 

Final A Fistful of dollars

 

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Clint Eastwood dans Pour une poignée de dollars (1964) © Massimo Dallamano United Artists

La BO de Pour une poignée de dollars est signée par un certain Ennio Morricone. Morricone-Sergio Leone, deux noms qui vont devenir indissociables pendant les 20 ans qui vont suivre, synonymes d’une collaboration pavée d’or. Pour l’anecdote, c’est en pensant au film Le Garde du corps du maître japonais Akira Kurosawa que vient l’idée de Pour une poignée de dollars à Sergio Leone dont le génie aura été de transposer l’histoire du Japon médiéval aux plaines de l’Ouest sauvage. La légende était en marche…  

Et pour quelques dollars de plus

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Lee Van Cleef dans Et Pour quelques dollars de plus (1965) © Massimo Dallamano United Artists

En ce milieu des années 60, Sergio Leone dépoussière un genre, jusque-là chasse gardée des Américains.  Avec Pour une poignée de dollars, puis Et pour quelques dollars de plus, l’année suivante, en 1965, le western spaghetti était né. Un Européen changeait les codes en privilégiant la lenteur et en étirant les scènes à l'excès, usant des gros plans (sur les colts, les visages burinés par le soleil et les regards intenses) comme s'il filmait des paysages.
Le succès du tandem Leone-Morricone est aussi celui d’un troisième homme : Clint Eastwood, acteur jusque-là de seconde zone, connu essentiellement pour son rôle dans la série à succès Rawhide.

Duel final de Et pour quelques dollars de plus

Clint Eastwood et son jeu si particulier. Son regard perçant tout d’abord à vous glacer un serpent à sonnette et son style mauvais garçon des hautes plaines. Il reprendra, d'ailleurs, le rôle du célèbre Homme sans nom une dernière fois dans l’ultime opus de la trilogie dite " du dollar " :
Le Bon, la brute et le truand, qui sort sur les écrans français, le 8 mars 1968.

Le Bon, la brute et le truand, main theme

Le Bon, la Brute et le Truand, constitue l’un des plus célèbres westerns de l'histoire du cinéma, considéré comme la quintessence du western spaghetti. Clint Eastwood et Lee Van Cleef, encore, partagent la vedette avec Eli Wallach dans ce troisième volet. Pour le film, Morricone laisse de côté les bruitages et s'inspire de cris humains pour créer la plainte du coyote et une ambiance incroyable qui colle si bien aux images de Sergio Leone. La perfection à l’état pur.
“Sergio Leone m'a appris à en faire le moins possible. Moins j'en faisais, plus j'étais impressionnant. Tout le monde courait, se poursuivait à cheval, ou se tirait dessus. Et moi je devais rester là. Droit dans mes bottes, en plein milieu du champ de bataille !” se souvient Clint Eastwood, « cowboy-samouraï », impassible, doublé par la voix inimittable de Jacques Deschamps dans la version française. La carrière de Clint le justicier, qui enfilera ensuite le costume d’un autre redresseur de torts, Harry Callahan dans la série des Inspecteur Harry, allait décoller grâce à cette fameuse trilogie du dollar.
Le 14  décembre sort en France, Mon nom est personne. Un drôle de western parodique où même Ennio Morricone s’amuse à revisiter La Chevauchée des Walkyries de Wagner au klaxon…  

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© Titanus Distribuzione, Les Films Jacques Leitienne

La Horde sauvage, Mon Nom est personne

Quelle magie, quel morceau de bravoure que ce passage de la horde sauvage où tout le talent d’Ennio Morricone éclabousse. Sergio Leone n’a pas réalisé Mon nom est personne, c’est Tonino Valerii. Il en a tourné certaines scènes néanmoins et a en revanche écrit le scénario et sa patte est évidente dans ce film hommage aux héros du western, incarnés ici par Henry Fonda qui prête ses traits à Jack Beauregard.

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Terence Hill (au premier plan) et Henry Fonda dans Mon Nom est personne (1973)
© Titanus Distribuzione, Les Films Jacques Leitienne

Main theme, My Name is nobody

Le theme principal, archi connu de Mon nom est personne, est, là encore une pièce maîtresse, qui colle à merveille au chapeau de Terence Hill qui campe un doux rêveur dont les yeux bleu azur rieurs et le sourire constamment aux lèvres traduisent une décontraction permanente. Pour l’anecdote, le titre du film est une référence à l'épisode du cyclope dans L’Odyssée, d'Homère.
Deux ans plus tard, Sergio Leone allait produire un second western avec Terence Hill comme acteur : Un génie, deux associés, une cloche, un film de Damiano Damiani. Un film dans lequel Terence Hill partage l’affiche avec Klaus Kinski, Robert Charlebois et  Miou Miou.  Le film n’est pas franchement passé à la postérité et constituera le dernier western de Sergio Leone.
La semaine prochaine, pour le second volet consacré au monumental réalisateur italien, nous reviendrons sur son autre trilogie, celle des Il était une fois… ou quand le cinéma raconte l’Histoire avec un grand H.  

La Minute Judy Garland
Cette semaine, retour dans les années 80 à l’occasion de la récente sortie au cinéma de Creed II, spin off (ou épisode périphérique) dérivé de la série des Rocky, la saga qui consacra Sylvester Stallone au firmament du box office à travers la figure mythique de son boxeur… héros de l’Amérique working class. En 1983, le groupe canadien Survivor signait la bande originale de Rocky III l’oeil du tigre, un immense succès de radio, aussi, cette année-là.   

Eye of the tiger, from Rocky III, Survivor

Quelques conseils pour prolonger cette émission :
Morricone 60, un double album, sorti il y  a deux ans chez Decca, qui célèbre la carrière prolifique d’Ennio Morricone qui couvre ses 60 ans de carrière et ses 600 compositions. L’originalité est que ses plus grands thèmes sont ici joués en version symphonique par l’Orchestre national tchèque qu’il dirige. The Complete Sergio Leone movies, un coffret de 5 CD, indispensable si vous aimez l’univers à nul autre pareil de Sergio Leone, paru sur le label Gold en 2012.
Enfin, sachez que La Cinémathèque française de Paris, à Bercy (XIIe), consacre une exposition et une rétrospective jusqu’à la fin du mois de janvier à Sergio Leone.

Play list des morceaux diffusés :
Titoli, Gli Ultimi Giorni di Pompei, Angelo Francesco Lavagnino
I Ladri di biciclette main theme, Alessandro Cicognini
Bande annonce du film Il Colosso di Rodi
Final of A Fistful of dollars, Ennio Morricone 
Et pour qq dollars de plus, Ennio Morricone 
Duel final Et pour quelques dollars, Ennio Morricone 
Le Bon, la brute et le truand, main theme, Ennio Morricone 
La Horde sauvage, Mon Nom est personne, Ennio Morricone 
Main theme, My Name is nobody, Ennio Morricone 
Un Genio, due compari, un pollo, main theme, Ennio Morricone 
Eye of the tiger, from Rocky III, Survivor
Cavalcata, Per un pugno di dollari, Ennio Morricone
 
 

 

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