Aix-en-Provence
Le 13 octobre dernier, le Toursky à Marseille accueillait une conférence sur la philosophe et mystique Simone Weil. Morte en 1943 à l’âge de 34 ans, la trajectoire fulgurante de cette philosophe et femme de combat se révèle d’une incroyable actualité pour notre époque, comme nous vous proposons de le découvrir dans cette émission.
Si Simone Weil demeure assez méconnue au-delà d’un cercle de spécialistes, de plus en plus de travaux universitaires lui sont consacrés. Albert Camus édita ainsi une grande partie de son oeuvre après sa mort.
Difficile de résumer en quelques lignes la pensée de cette philosophe, très impliquée dans les luttes de son temps. Elle disait d’ailleurs à ses élèves de lycée: "L'homme est ainsi fait que celui qui écrase ne sent rien, que c'est celui qui est écrasé qui sent. Tant que l'on ne s'est pas mis du côté des opprimés pour sentir avec eux, on ne peut pas se rendre compte. »
Jean-Marc Ghitti, philosophe, lui a consacré un livre aux éditions Kimé "Passage et présence de Simone Weil".
Il la décrit comme une philosophe politique et mystique. Très engagée dans le syndicalisme, elle réfléchit beaucoup à ce qu’est le pouvoir politique et reste marquée par Marx et Durkeim. Elle choisit de se consacrer notamment à l’éducation des mineurs et ouvriers. A l’époque le syndicalisme est perçu comme un mouvement révolutionnaire qui voulait changer profondément la société.
Simone Weil, s’est également démarquée par une vie intérieure profonde, ascétique et atypique. Née dans une famille juive non pratiquante, elle a un besoin d’absolu très fort qui la mènera sur un chemin de conversion qui n’ira pas jusqu’au baptême. Jean-Marc Ghitti précise qu’ «un certain nombre d'éléments la gênent dans l’Eglise comme institution (..) elle est restée d’un certain côté très critique vis à vis de l’Eglise ». Simone Weil expliquera que c’est le christ qui est venu à elle, qui « l’a prise », « comme si la grâce exerçait une contrainte sur sa volonté », précise Jean-Marc Ghitti.
Dans son livre, Jean-Marc Ghitti consacre un chapitre sur Simone Weil et Marseille. Elle se retrouve dans la cité phocéenne pour accompagner ses parents qui veulent trouver un bâteau pour partir en Amérique car ils sont désignés comme juifs et doivent fuir. Elle y fera des rencontre marquantes, comme « les cahiers du sud » et surtout elle va entrer en relation avec un dominicain, le père Joseph-Marie Perrin, grand résistant qui a sauvé des juifs à Marseille, à qui elle va exposer son chemin spirituel et sa conversion et qui l’accompagnera dans ce cheminement.
Christiane Giraud, passionnée de philosophe et grande lectrice de Simone Weil, trouve que son érudition et sa lucidité sur son temps, en font « une grande figure de la philosophie du XX siècle » qui peut aussi nous éclairer sur l’actualité que connaît le XXIè siècle.
En conclusion Jean-Marc Ghitti précise: “elle a lutté toute sa vie contre une forme de désespérance (...) elle est parvenue par la pensée, par l’amour des autres à vaincre ce pessimisme qui faisait le fond de sa pensée”.
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