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Sous les feux d'artifice, de Gwenaële Robert, Prix Ouest 2023

Un article rédigé par christophe henning - RCF, le 24 mars 2023 - Modifié le 17 juillet 2023
L'Actualité littéraireSous les feux d'artifice, de Gwenaële Robert

C’est une histoire rocambolesque, une histoire vraie, que l’auteur va transformer en véritable épopée d’un autre temps, ou plutôt une journée d’entre-deux mondes. Ca se passe à Cherbourg, alors qu’au large se profile une bataille navale surréaliste, opposant un navire des Yankees du nord face au bateau des sudistes. Juin 1864, comment ces bâtiments ont-ils pu se perdre dans le vieux monde, mystère.

feuxfeux

On assiste à « une reproduction miniature du conflit qui ravage leur pays, importé dans l’intimité de la rade normande. » Ce pourrait être cocasse, s’il ne s’agissait d’une guerre fratricide. Ce pourrait être anodin si les autorités ne s’inquiétaient pas, notamment le capitaine du port, l’amiral Dupouy, qui doit « faire respecter à tout prix l’impartialité de la France et son intégrité territoriale. » Juin 1864, c’est aussi le début de l’été, le début du tourisme et des loisirs. Les Parisiens débarquent, on va inaugurer un casino, et en plus, il y a du spectacle ! Pour une fois qu’il se passe quelque chose… Et Théodore Coupet, plutôt habitué à la gazette mondaine, se trouve au bon moment, au bon endroit.

C’est un peu la rencontre de deux mondes

Quand je vous dis que la ville est insouciante : « Ils sont nombreux, les badauds venus guetter dès l’aube les autorités qui s’apprêtent à inaugurer l’établissement tout neuf, celui qui va transformer cette ville laborieuse en cité de jeux et de plaisirs ». La foule amassée ne pense qu’aux loisirs, alors même que la bataille sur l’eau se prépare avec force poudre à canons. Mais qui plus est, la guerre de sécession a des effets très concrets sur la vie économique de la ville. Car la victoire du nord contre le sud risque de ruiner la filière du coton… D’ailleurs, les autorités françaises ont trouvé la parade en envoyant Charlotte de Habsbourg, précipitamment couronnée impératrice du Mexique, chargée d’instaurer une filière d’approvisionnement du coton. Tout cela peut vous paraître compliqué, alors que Gwenaële Robert nous fait rire et nous entraîne dans ces guerres picrocholines à propos lesquelles même Napoléon III fait parler de lui : « Si le Nord est victorieux, j’en serai heureux, si le Sud l’emporte, j’en serai enchanté. » Le pauvre journaliste ne sait plus quoi penser : observant le monde gagné par la modernité et la révolution industrielle, il finit par s’intéresser à Mathilde des Ramures esseulée : son mari est parti batailler au Mexique, justement…

Le tableau d’une époque passionnante

C’est un peu la fin d’une époque, insouciante et avide de progrès. Et pourtant rien ne change, nous explique Théodore qui voudrait recueillir les témoignages des voyageurs débarqués de Paris qui cherchent « le soleil, le jeu, la fortune, l’amour, le bon temps, c’est la même rengaine depuis toujours et les inventions de ce siècle, le chemin de fer, l’électricité, toutes ces machines de l’exposition universelle, ne changent rein aux désirs moutonniers des hommes et leur extrême prévisibilité. » Heureusement, il y a la littérature qui nous réserve toujours des surprises. Et je vais vous faire une confidence : j’ai la chance de faire partie du jury du Prix Ouest, et nous avons délibéré la semaine dernière. Et le prix Ouest 2023 sera remis à l’auteure malouine Gwenaële Robert samedi, dans le cadre du Printemps du livre de Montaigu qui se déroule ce week-end. Encore une bonne raison à ne pas manquer, de lire ce roman et de rencontrer l’auteure.

Sous les feux d’artifice, Gwenaële Robert, Cherche Midi.

Émission L'Actualité littéraire © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
L'Actualité littéraire
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