Saint-Martin donnant son manteau à trois femmes correspond à l'illustration diffusée dans le journal Le pèlerin à l'occasion de l'armistice de 1918. Marie-Yvonne Buss, rédactrice en chef, revient sur cette publication dans le cadre des 150 ans d'Histoire du magazine.
L'armistice en 1918 : Votre double page met en valeur un dessin étonnant, celui de saint-Martin béni par le Christ recouvre de son manteau trois femmes. L'armistice fut signé le lundi 11 novembre, jour de la saint-Martin, ce légionnaire du IVème siècle, qui avait tranché son manteau en deux morceaux pour en recouvrir un mendiant. La nuit suivante, le Christ lui était apparu en songe, revêtu d'un des pans de ce manteau.
L ’illustrateur s’en est inspiré pour imaginer le Christ et saint-Martin donnant tous les deux abri à la France sous un vaste manteau : D’où la légende "Notre Seigneur rend à saint-Martin le 11 novembre le manteau restauré de la France". Quant aux trois femmes citées, la première représente la France, qui ouvre ses bras maternels pour y accueillir les deux autres : l’Alsace et la Lorraine enfin rendues à la patrie.
Le Pèlerin fait donc une lecture quasi mystique de la victoire : N’oublions pas que nous sommes en 1918, seulement treize ans après l’entrée en vigueur de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Le tournant du siècle a été douloureux pour les catholiques. Tout ce qui peut les conforter dans l’idée que la France reste la fille aînée de l’Eglise, que Dieu ne l’abandonne pas est mis en valeur régulièrement dans les pages du pèlerin de l’époque.
Ces extraits sont aussi l’occasion de jeter un regard neuf sur Georges Clémenceau, qui était en 1918 le président du Conseil surnommé "Le Tigre" : En effet, dans son édition du 24 novembre 1918, Le pèlerin raconte une anecdote peu connue ; l’hospitalisation du Tigre dans une clinique privée tenue par des religieuses. Il retranscrit un dialogue étonnant entre Georges Clémenceau et soeur Théolbaldine. Le président lui offre une cocarde, lui disant qu’elle pourra bientôt la placer dans son salon car "la victoire est proche".
Le commentaire de notre confrère journaliste, à l’époque, je cite "Voilà un Clémenceau inconnu. Le vieux Tigre a du cœur et il sait le montrer. Ses bonnes actions plaideront pour lui auprès de Dieu. Et les prières des saintes âmes obtiendront peut-être la suprême miséricorde à celui, à qui la France devra en grande partie son relèvement et son triomphe final". Nous sommes dans un registre très militant, qui peut se comprendre après quatre ans d’une guerre terriblement meurtrière. Dix millions de morts, il y avait de quoi aspirer à la victoire et à la paix.
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