En décembre dernier, dans Tu m’en liras tant, Jean Lannoy recevait Thomas van Hamme pour parler de son livre « L’Éveil ». Ce journal raconte le parcours de l’animateur TV pendant ces quatre dernières années qu’il a pris loin des caméras et du petit écran. Rencontre.
Cela fait quelques années que vous avez ‘’disparu’’ du petit écran. Aujourd’hui, vous parlez de cette décision dans un livre. Pourquoi maintenant ?
Il y a eu beaucoup d'incompréhension quand je suis parti il y a quatre ans. Parce que j'étais à une certaine apogée de ma carrière après 30 ans dans les médias: la RTBF d'abord, sur RTL ensuite. Ce n’était pas sur un coup de tête, c'est ce que je raconte dans le livre. Mais tout d'un coup, j'ai décidé d'arrêter de partir pour une année sabbatique qui s'est prolongée et qui a duré quatre ans. Et c'est tout ce parcours que j'avais envie de raconter dans ce livre.
Dans ce parcours, on voit vraiment une évolution, une prise de conscience, une suite de petite prise de conscience. Comment avez-vous pensé ce livre ?
C'est un journal que j'ai commencé à écrire quand je suis parti en Inde. Ça a été mon premier voyage qui a été un voyage très important pour moi parce que tellement révélateur, notamment en termes de spiritualité. Moi qui venais d'une famille athée et pas du tout branchée sur la spiritualité.
C'est un journal qui me semblait important de coucher sur papier parce que je vivais une expérience tellement transformatrice que ça m'accompagnait et c'était important de l'écrire. Et puis, petit à petit, ce journal a continué, a évolué. Et un jour après que j'aie annoncé que j'allais donner des cours de méditation à un éditeur il s'est trouvé intéressé de publier cette histoire. J'ai beaucoup réfléchi, puis je me suis dit que peut être que cette histoire pourrait éveiller des graines chez certains qui se posent aussi beaucoup de questions. Parce qu'on est dans un moment de notre société où beaucoup de questions se posent sur le sens qu'on a envie de donner à notre vie, sur le sens de ce monde qui ne tourne pas toujours très bien. Et donc voilà, c'est une envie de partage en fait, et c'est pour ça que je l'ai publié.
Il y a pas mal de bruit autour de ce livre et notamment d'une presse un peu racoleuse qui fait dire ce qu'on veut du livre. Qu'est-ce que vous vous voulez faire passer avec ce livre ?
Bien sûr, il y a des moments douloureux et souvent quand on vit un éveil de conscience, on passe par ces moments douloureux parce qu'on doit éclairer, mettre en lumière des parts sombres de soi-même pour se soigner et se tourner vers la lumière. Mais c'était important d'en parler pour moi parce que c'est aussi un exutoire. C'est une façon de les lancer au monde et de les sortir de moi.
Mais le plus important dans ce livre, c'est ce chemin d'éveil de conscience. C'est de revenir à sa véritable nature, sortir de l'ego, sortir du personnage. Pour se reconnecter finalement à cette part en nous qui est profondément enraciné dans notre cœur et pas tellement dans notre tête, même si on finit par s'identifier à ce personnage dans la tête. Je me suis identifié pendant si longtemps à ce petit personnage et puis je me suis rendu compte qu’il y avait quelque chose de plus grand là derrière. Mais ça nécessitait de faire ce travail et de faire tout ce chemin.
C'est tout ce cheminement que je raconte dans le livre qui commence de façon très noire puisque on découvre le personnage avec toutes ses problématiques, avec tous ses cotés sombres. Et puis petit à petit, y a ensuite le passage en Inde qui est vraiment cette découverte plus spirituelle. Et ce chemin vers davantage de lumière et vers davantage de conscience à la fin.
Ce moment de sombre au début que vous reliez à vous, tout le monde quelque part pourrait se retrouver dans certaines de ces parts sombres.
On en a tous parce qu'on a tous des blessures, mais ce qu'il faut ce n’est pas les rejeter il faut y faire face et les éclairer.
Ce livre pour vous, vous y mettez quand même beaucoup de personnel, est-ce entièrement 100% du vécu ?
C'est totalement du vécu. J'ai essayé de le tourner, de le rendre agréable à lire, mais c'est 100% du vécu.
Quelqu'un m'a dit, mais quel courage de se montrer de manière aussi transparente, je suis assez étonné qu'il faille aujourd'hui du courage pour être vraiment soi. On est tellement dans une société du faux. Les réseaux sociaux, bientôt l'intelligence artificielle, à quoi peut-on encore se fier ? Et si on redevenait authentique ? Et si on s'aimait, pour qui on est vraiment ? Et si on arrêtait de juger les autres ? Et si on acceptait et on osait finalement être qui on est vraiment ?
Quelque part, vous faisiez vous-même partie de cette société du faux.
Je n’en étais même pas conscient parce que j'étais totalement dans ce personnage, je m'identifiais à ce personnage. Et je n'étais même pas conscient à quel point je jouais un rôle. C'est ça l'éveil de conscience, c'est un moment de prendre cette hauteur et de se rendre compte que je m'identifie à un personnage, mais qui suis-je vraiment là derrière ? Derrière tous ces conditionnements, tout ce qu'on attend de moi, tout ce que je veux faire pour faire plaisir, pour plaire aux autres, pour être validé par les autres. Mais non, là derrière il y a quelque chose de tellement plus puissant. Et tellement plus lumineux.
Dans ce livre, celui qu'on suit finalement c'est le Thomas Van Hamme qui essaye de retirer ce personnage complètement de lui ?
Oui, couche après couche, qui essaie de les éclairer, qui passe par le pardon aussi. Il y a un épisode assez difficile de viol subi à 13 ans, mais ça passe aussi par le pardon. Le pardon ne veut pas dire excuser, mais le pardon est tellement essentiel pour s'en sortir parce que c'est se pardonner à soi-même et c'est extraire la boue qu’on porte en soi cette colère, cette haine, ça ne sert à rien de la porter avec soi. Le pardon est tellement essentiel.
Comment est-ce que vous vivez justement cette mise à la transparence de ce vécu au grand public ?
Ce n’est pas facile. À la fois, c'est ce que je désirais, mais ce n’est pas si évident. Parce qu'on a beau être sur un chemin d'éveil, il y a des vieilles blessures qui reviennent. Y a toujours un besoin de validation qui revient, cette peur de déplaire. C'est un vrai exercice pour moi et j'espère que ça va inspirer d’autre personnes. Parce que c'est tellement mieux d'être dans l'authenticité, c'est tellement mieux d'être dans la vérité et de pouvoir partager ça. Ce qui est parfois difficile, c'est de l'offrir au monde et parfois à des gens ou des médias qui ne comprennent pas et qui vont juste chercher le petit truc qui va faire vendre du papier et qui n’est peut-être pas l'essentiel du livre et ni la philosophie du livre. Mais on est dans un monde comme ça et donc il faut juste l'accepter et essayer d’apporter un peu plus de lumière.
Aujourd'hui, vous revenez vers le milieu médiatique, comment est-ce que vous le vivez ?
Il y a un côté très paradoxal. C'est clair que j'ai toujours aimé ça. Mais à un moment je me suis laissé déborder par ça et surtout je faisais ce métier parce que j'avais besoin de guérir certaines blessures, d'abandon, etc. J'avais besoin de ces applaudissements. Mais j'ai compris que les réponses, elles étaient en moi.
Aujourd'hui, je reviens juste avec un projet, un projet qui a vraiment du sens. Parce que j'ai compris que je n'allais pas jeter à la poubelle 30 ans de savoir-faire ce lien avec le public si c'était pour une bonne cause. Ici, je reviens avec un projet pour la RTBF qui s'appelle « Changeons le monde », qui est une émission événementielle. Il y a une première émission qui va être lancée. On espère qu'il y en aura d'autres. Peut-être trois par an avec à chaque fois une thématique parce qu'on sait que ce monde ne va pas bien, qu'il y a tellement de choses à changer. Et on croit avec des gens humanistes comme moi, des gens, des rêveurs quelque part, on croit à la politique des petits pas. Et on pense que vraiment, il y a moyen en se mettant tous ensemble, de changer certaines choses. Donc le principe il est simple : c'est une personnalité aimée du public qui vient me retrouver dans le QG de « Changeons le monde » avec une problématique qui lui tient à cœur.
Dans ce cas-ci, c'est GuiHome vous détend, l'humoriste qui viendra me trouver avec le sujet de la pollution générée par l'industrie du vêtement et notamment la fast Fashion. Aujourd'hui, les vêtements à 5€ se retrouvent sur les rives du Ghana parce que ça ne vaut rien et on les met trois fois. Ça crée une pollution absolument épouvantable. Avec lui on ne va pas juste faire le constat et juste se plaindre, de dire que ça ne va pas. On va de manière très ludique, très amusante, aller à la rencontre d'acteurs de changement, de gens qui proposent déjà des solutions à cette mode qui ne va plus.
Que ce soit à des tout petits niveaux ou à un niveau politique même, et montrer que on peut choisir d'autres voies. Tout ça dans la bonne humeur, sans culpabilité, parce que on est nous-mêmes de mauvais élèves. On est tous des mauvais élèves, mais on essaie de s'améliorer et c'est ce qu'on va essayer d'apporter à travers cette émission. À laquelle je tiens beaucoup.
Ça reste pour vous cohérent avec ce changement ?
Il y a beaucoup de paradoxes et qui n'a pas de paradoxe ? Mais en tout cas, je ne suis pas sûr que je reviendrai avec une autre émission. Il faudrait vraiment qu'elle ait beaucoup de sens. J'ai envie de diversifier mes occupations avec de la méditation, avec ici un livre. Il y a cette émission de télé, mais c'est cohérent puisque, l'éveil de conscience passe aussi par davantage de conscience et donc se dire que on est là pour apporter davantage d'amour sur cette terre, davantage de conscience. Et ici, c'est le cas, c'est apporter quelque chose qui du sens. Faire avancer et apporter des solutions et des pansements à toutes ces blessures du monde.
Qu'est-ce que vous voyez à la suite ce livre, est ce que vous voyez d'autres choses, d'autres projets dans le même sens ?
Je n'en sais rien, j'essaie de vivre le plus possible au jour le jour, dans l'instant. Présent, profiter de chaque instant et laisser venir à moi les belles âmes, les beaux projets, les belles rencontres. Je suis certain que ça va s'ouvrir sur d'autres choses, mais toujours être davantage vers plus d'authenticité, plus de respect de l'autre, d'amour et de bienveillance.
Comment peut-on résumer votre livre ?
C'est un chemin de l'ombre vers la lumière ou vers davantage de lumière. Ça parle d'abord des ombres, de la façon de les explorer. Il y a plein de façons. Moi, c'était une façon parfois un peu trash, j'avoue. Et puis une découverte de la spiritualité, une découverte que quelque chose d'indicible est peut-être là aussi avec quelque chose de moins matériel. Et puis d'aller vers un chemin avec davantage de conscience.
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