Viens et suis-moi, de Thierry Bizot

Par des aller-retour, l’auteur brosse la vie ordinaire d’un prêtre de paroisse, avec ses joies, ses doutes, ses questions selon les époques de son existence. Et si le récit révèle une certaine solitude, les diverses rencontres qui jalonnent les quarante années de sacerdoce sont autant d’histoires racontées avec tendresse.

Une vie de prêtre faite de réussites et d’épreuves, voire d’échecs peut-être

Ce que Thierry Bizot veut faire, c’est vraiment rentrer dans le quotidien du prêtre, sans grands débats théologiques ou pastoraux. On se souvient de Catholique anonyme, le roman autobiographie dans lequel il racontait sa conversion à l’occasion d’un groupe de prière, un livre sorti en 2008. Ici encore, ce sont les pensées de Joseph Lepic qui sont restituées, cet homme qui était prêt à se marier avec Sandrine Rivière mais se sent appelé à la prêtrise - viens et suis-moi - après une retraite à l’abbaye de Solesmes. Heureusement, il y a les trois amis fidèles, qui n’oublient pas le camarade sous l’habit de clergyman, la famille qui compte, ces paroissiens avec qui il a pu tisser des liens forts, Manon qu’il a secouru au bon moment… A côté des joies, il y a les réalités quotidiennes, les petites jalousies de paroisse. Elisabeth ? « Cette femme tient plus que tout à ses petits privilèges, comme posséder la clé de la sacristie ou être responsable de l’accueil des familles », constate ce curé de la ville qui ne fait pas le malin : « Je suis le prêtre qui aura donné la communion chaque dimanche sans la comprendre. »

Un roman où tout est inventé, qui décrit pourtant la vie d’un prêtre avec réalisme…

Et infiniment de justesse, comme lorsque sont évoquées les heures passée à confesser, ce lieu d’une parole intime, souvent bouleversante, laissant le prêtre désarmé face au pénitent : « C’est peut-être ce qui me manquera le plus, ajoute le père Joseph, la rencontre en confession de ces êtres touchants et vulnérables, venus déposer aux pieds de Dieu leurs fardeaux les plus encombrants. »  Lui-même n’était pas à l’abri de peurs et de doutes : « J’en était venu à me demander si je ne m’étais pas tout simplement fourvoyé en consacrant la vie à Jésus. Existait-il seulement ? N’était-il pas l’illusion d’un amour, un fantasme que je m’étais confortablement inventé pour me rassurer et me glorifier ? »

Dans ce roman enjoué, Thierry Bizot rend hommage aux prêtres anonymes, ces bergers proches de leurs brebis selon le pape François. « Il m’est souvent arrivé de me prendre pour un saint. Mon plus grand crime aura donc été de croire, avec une naïveté confondante que j’étais bon. Il faudrait inscrire sur ma pierre tombale : cit-gît Joseph Lepic, prêtre ordinaire, vaniteux, égoïste, lâche… et surtout paresseux. » En voilà un qui ira directement au ciel !

Viens et suis-moi, de Thierry Bizot, aux éditions du Seuil.