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Accompagner les sortants de prison : un travail de longue haleine

RCF,  - Modifié le 18 septembre 2020
Je pense donc j'agisAccompagner les sortants de prison : un travail de longue haleine
Les personnes placées sous main de justice et les sortants de prison peuvent bénéficier d'un accompagnement. Comment les aider à la réinsertion sociale et professionnelle ?
ErikaWittlieb de Pixabay ErikaWittlieb de Pixabay

Libres mais déconnectés de la société, les sortants de prison doivent dans la plupart des cas être accompagnés, pour préparer leur sortie de prison. Alors que le Service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP), via des fonctionnaires du ministère de la Justice, accompagne sur le volet judiciaire les personnes qui ont été condamnées, le secteur associatif joue  aussi un rôle important dans cet accompagnement des personnes qui vont sortir du milieu carcéral. 

"Notre feuille de route se prend auprès des services de justice", explique ainsi Guy Dubrez, directeur du GREP (Groupe pour l'emploi des probationnaires). Créée il y a 35 ans, l'association présente sur l'Ain, le Rhône et la Loire, associe à son action le monde économique, notamment les dirigeants chrétiens, qui, sur le terrain de leur entreprise font cette démarche d'accueillir des personnes en grande exclusion

Aider à retrouver une place dans la société

Un détenu qui sort d'un établissement pénitentiaire sans savoir où se loger, sans ressource et sans groupe social, est en effet fragilisé, et nécessite un accompagnement social, parfois intensif pour retrouver sa place dans la société. Cette vulnérabilité peut être propice à un retour aux comportements antérieurs qui ont favorisé le passage à l’acte. "Nous les aidons afin qu’ils en sortent meilleurs et pour prévenir la récidive" souligne Guy Dubrez, qui précise que l'insertion professionnelle est l'un des volets de la réussite. 

Agir dans le cadre post-sentenciel

Des associations comme Companio ( créée en 1992) et GREP accompagnent les sortants de prison en les aidant dans la recherche d’emploi, d’un logement, l’objectif étant de "proposer à ceux ou à celles qui, à leur sortie, sont désemparés, de les accompagner individuellement pour clarifier et hiérarchiser les problèmes qui se posent à l’extérieur" indique Marie-Odile Théoleyre, présidente de l'association Companio.

"Nous nous appuyons également sur les SPIP, les conseillers pénitentiaires d'insertion et de probation, car ils sont les référents privilégiés pour chacun des détenus. Nous avons des sessions d'information en détention". 

" J'ai compris l'incarcération, je n'en ai plus voulu au juge, j'ai pardonné"

Des motivations diverses 

Qu'est ce qui motive un tel engagement ? Marie-Odile Théoleyre décrit divers profils : "Cela peut être une motivation religieuse, de personnes qui veulent suivre l'Evangile. Certaines personnes veulent se construire une identité altruiste. D'autres aussi sont dans la fascination du crime, ce qui m'a toujours un peu étonnée... En ce qui me concerne, c'est un peu différent car j'étais juge. J'ai envoyé les gens en prison pendant longtemps... J'avais envie d'en savoir un peu plus sur le parcours de la personne". 

Un parcours par étapes

"Une incarcération, c'est toujours un traumatisme. Ce sont des marginalités auxquelles on n'est pas beaucoup confrontés. La pauvreté, la maladie, la folie... Il s'agit d'abord de les aider à reprendre conscience en eux. C'est un processus lent. Ce sont des gens qui n'ont pas eu d'agenda, qui ne savent pas ce que c'est que d'être à l'heure donc c'est compliqué. Les détenus ne se projettent pas du tout dans l'avenir, ils vivent un peu au jour le jour", témoigne Marie-Odile Théoleyre. Le parcours sera ensuite construit avec différentes étapes, même si certains n'iront pas jusqu'au bout... 

Un auditeur, Michel, à Annecy s'interroge : "Je me demande si notre modèle de prison favorise l'insertion et l'envie de ne pas y revenir"...

Quant à Serge, en Ardèche, il nous livre son précieux témoignage de sortant de prison :  "Je suis sorti de prison en 1996. Je n'ai pas l'impression que les choses vont changer. J'avais l'impression d'être leur fond de commerce. Je suis super content qu'il y ait une juge qui ait un autre regard aujourd'hui. Mais il y a encore beaucoup de brigadiers chefs qui gagnent beaucoup d'argent et n'ont pas envie que cela modifie leur petit confort quotidien. Quand je suis sorti de prison, j'étais parano, j'avais l'impression d'être sur écoute. J'avais une correspondance avec quelqu'un que je ne connaissais pas en Ardèche qui m'a proposé de venir chez lui pour lui donner un coup de main pour ramasser les châtaignes. Cela a été du bonheur, je me suis retrouvé. Pour moi, cela a été grandiose ! Puis j'ai fait une retraite méditative de 10 jours, cela m'a remis les pendules à l'heure, j'ai compris l'incarcération, je n'en ai plus voulu au juge, j'ai pardonné ! "

 

© RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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