Grenoble
En France, des millions de personnes peinent à accéder à leurs droits. Par exemple, 34 % des personnes qui pourraient toucher le RSA ne le perçoivent pas, selon la DREES. Pour lutter contre ce phénomène, de plus en plus d’acteurs de la solidarité se mobilisent pour venir en aide à ces personnes en allant directement à leur rencontre. C’est ce qu’on appelle « aller vers ».
L’« aller vers », ce sont des actions très concrètes. L’expression désigne le fait de rencontrer les personnes précaires sur leur lieu de vie ou leur lieu de travail. En clair, le but est de créer de la proximité avec la personne et de se rapprocher de là où elle est. Les travailleurs sociaux vont prendre du temps pour être à leur écoute. Cette démarche repose sur une dimension relationnelle importante : le travailleur social doit créer un lien et établir une relation de confiance. "C’est beaucoup de minutie. Il faut absolument savoir écouter son interlocuteur", précise Olivier Legros, professeur à l’université François Rabelais de Tours, géographe et contributeur de la Revue Projet.
Il s’agit d’une philosophie qui n’est pas récente. "Cela fait très longtemps que les travailleurs sociaux vont rencontrer les gens sur le terrain", selon Aurore Chaillou, journaliste indépendante, coordinatrice du dossier Pauvreté, le pari de l’aller vers dans la Revue Projet. Par exemple, les maraudes ou les visites à domicile font partie du spectre de cette pratique. Pascaline, une auditrice de RCF, témoigne sur son expérience : "Je suis allée vers les personnes en situation de handicap dans L’Arche afin de les accompagner dans l’administratif. J’avais l’envie de rencontrer ces personnes et de les aider." Pour Ursula Vogt, déléguée du Secours Catholique en Indre-et-Loire, cela démontre l’intérêt des concitoyens à aider les personnes précaires. "Ce qui est nouveau c’est le terme « aller vers », pas l’action", précise-t-elle.
Aller sur le terrain pour rencontrer les personnes dans le besoin exige non seulement du temps, mais aussi des moyens financiers considérables. Le travailleur social doit également avoir les compétences nécessaires : être à l’écoute et laisser l’autre prendre sa place. Pour la journaliste Aurore Chaillou, il faut surtout être capable de se mettre à la place de l’autre. "Céder la place que l’on occupe, c’est quelque chose de difficile", poursuit-elle. C'est aussi partager du temps voire même des "morceaux de vie" comme le précise Olivier Legros. Sur ces relations humaines, un lien de confiance va se construire ce qui permettra le succès de cette démarche. Pour sa mise en œuvre, des moyens financiers doivent être accordés pour pouvoir répondre aux besoins des personnes.
L’« aller vers » comporte aussi des limites : il ne permet pas nécessairement de sortir de la relation d’assistance. Les actions comme les distributions dans la rue restent de l’assistance mais l’« aller vers » ne permet pas d’aller plus loin. "On ne va pas leur donner l’autonomie sur leur vie et leur pouvoir d’agir, c’est à eux de le faire", explique Ursula Vogt. Les travailleurs sociaux peuvent faire naître cette envie d’agir chez les personnes dans le besoin avec leurs actions. L’« aller vers » doit rester un outil qui répond à plusieurs objectifs primaires : recréer des liens et établir une relation de confiance. Comme le dit Olivier Legros, cela ne remplace pas le droit commun ou les services publics.
Pourtant, face au manque d’offre de soins et à la complexité du système d’aides, les enjeux de l’« aller vers » deviennent de plus en plus importants. Cette démarche pourrait aussi renforcer les inégalités territoriales selon Ursula Vogt, car c’est un dispositif qui n’est pas disponible partout. Dans ce cas, l’« aller vers » doit pallier les manques liés aux déserts médicaux.
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