Les peines carcérales sont faites pour sanctionner un comportement, protéger la société mais aussi permettre aux détenus de s’amender. Si l’entrée en prison est pour beaucoup une épreuve - on parle de "choc carcéral" - la sortie n’en est pas moins délicate. Pour aider à les détenus à préparer leur réinsertion, les invitées de Stéphanie Gallet ont choisi les mots. Elles accompagnent les personnes incarcérées dans la maîtrise de la langue et la (ré)appropriation de leur histoire. Des missions passionnantes, éprouvantes, où la réussite n’est pas toujours au rendez-vous. Mais où certaines belles histoires permettent de continuer à croire qu’une autre vie est possible.
La prison est un concentré de toutes les obsessions de notre société. On y retrouve tous les milieux sociaux même si les plus pauvres sont majoritaires. "Il y a vraiment tous les types d'hommes qu'on peut rencontrer à l'extérieur, les gros durs, les gentils qui ont fait une erreur", témoigne Sylvie Paré. Depuis une quinzaine d'années, elle et Cécile de Ram enseignent à la maison d'arrêt de Nanterre. Toutes deux anciennes professeures des écoles, elles ont suivi une formation pour enseigner auprès d'adolescents et adultes en difficulté d'apprentissage. Elles sont titulaires du CAPSAIS (certificat d'aptitude professionnelle pour les aides spécialisées). Elles viennent de publier un ouvrage à deux voix pour témoigner de leur expérience, "L'école en prison... une porte de sortie" (éd. Du Rocher).
Français, mathématiques, histoire... Il n'y a pas que le B.-A. BA des savoirs qu'elles transmettent. Dans ce lieu à part mais pleinement intégré géographiquement à l'enceinte de la prison, elle portent sur les détenus un regard différent et leur offrent par là une meilleure image d'eux-mêmes. "L'école en prison est un milieu beaucoup plus calme que la prison, parce qu'ils sont élèves." Une façon de préparer sa réinsertion. Leur regard sur l'univers carcéral. "Ce sont des élèves avant tout, notre regard bienveillant leur permet d'avancer."
L'un des défis de la réinsertion se joue au sein de la famille. Une ancienne visiteuse de prison, Elisabeth Schmitlin, est devenue médiatrice familiale en prison. Elle œuvre à la qualité des liens au sein de la famille, intra et extra-muros. La première chose qu'elle dit aux détenus quand elle les rencontre: "Je ne reçois pas un détenu mais un père, un grand-père, un frère..." Ce qui l'a décidée à se former à l'IFOMENE (Institut de formation à la négociation et la médiation, à l'Institut catholique de Paris), c'est qu'en tant que visiteuse elle a été témoin de la dégradation des liens familiaux, de l'ampleur des "récriminations" et des "fantasmatisations" de part et d'autres des murs de la prison. "La finalité, c'est la réinsertion, explique Elisabeth Schmitlin, principalement la réinsertion de la fonction parentale."
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