Centre Forbin à Marseille: aller plus loin qu'un hébergement d'urgence

Qui sont les visages de ces hommes qui rejoignent le Centre Forbin pour être accueillis en urgence? Aurélie Rogier, la directrice, décrit ceux “qui ont connu une rupture, familiale, amoureuse ou professionnelle et se retrouvent complètement déstabilisés et peinent à rebondir” ou encore ce “migrant qui a traversé différents pays et océans et s’attend à quelque chose de merveilleux”.

 

Les besoins sont “criants” à Marseille et il n’est pas toujours facile de répondre à la demande.
150 ans après sa création, le Centre Forbin se divise en deux dispositifs: un dispositif principal de mise à l’abri dans lequel 261 hommes sont accueillis entre 14h et 9h et un dispositif de centre d’hébergement et de réinsertion sociale en séjour de six mois pour 35 autres hommes.

 

Au centre Forbin, le charisme des frères Saint Jean de Dieu imprègne le quotidien et fait de ce centre un lieu à part. Les frères sont au nombre de quatre dont un historique, le frère Bernard, “ à pied d’oeuvre chaque jour, à la fois au moment des repas. Il distribue le pain comme le faisaient historiquement les frères de Saint Jean de Dieu et il se rend trois fois par semaine à la banque alimentaire pour aller chercher les vivres crus” car l’accueil par le repas est l’une des missions la plus fondamentale du Centre. Il y a également le Frère Michelson qui prodigue les soins au pôle santé et deux autres frères malgaches ont rejoint récemment l’équipe.

 

Un accompagnement humain  et une approche holistique de la personne

 

L’accent est également mis sur l’accompagnement humain spécifique pour répondre au mieux aux besoins de la personne. La mission première de l'établissement est l’hébergement, la réinsertion vers le logement et l’emploi, avec en filigrane la volonté de prendre soin, de sécuriser, et permettre aux personnes accueillies de  se poser et se retrouver. La dignité et la spiritualité sont deux aspects présents à Forbin. Les hommes qui fréquentent le centre ne se rendent pas facilement à la messe mais ils rencontrent parfois les frères, en tête à tête, et échangent ainsi avec eux et les bénévoles.

 

Aurélie Rogier est directrice du centre Forbin depuis quatre ans et reconnaît que le quotidien est parfois difficile. “L’identité de SDF n’est pas facile à porter et l’entrée en hébergement d’urgence n’est pas facile à vivre. Beaucoup vous diront que c’est dur de rester, certains préféreraient rester à la rue que de subir le tout collectif de Forbin (...). Certains, cela fait quatre ans que je les croise chaque jour et ça c’est déstabilisant, après il y a aussi des parcours réussis (...), ils s'envolent et reviennent nous voir en nous disant, “ je suis toujours débout”, et ça c’est une réussite dont on est fiers”.

 

Alors que le Centre vient de fêter ses 150 ans, de nouveaux projets sont en cours dont un verra le jour à la fin de l’année, un dispositif médico-social “lit halte soin santé” pour accueillir pendant deux mois des femmes à la rue. Là aussi les besoins sont criants et la réponse territoriale insuffisante...