Je viens de prendre mes fonctions aux Petits Frères des Pauvres tout récemment. Je connais bien le champ associatif, j’étais précédemment le secrétaire général de la Fédération Léo Lagrange, grand mouvement d’éducation populaire. Mettre mes convictions et mon expérience au service des Petits Frères des Pauvres est pour moi une joie et une mise en acte de mes convictions.
La grave crise sanitaire sans précédent que nous vivons, a montré au grand jour les situations d’isolement des personnes âgées, à domicile comme en établissement. Comment ne pas être indigné par les chiffres révoltants mis en avant dans le dernier rapport des Petits Frères des Pauvres réalisé pendant le confinement : 720 000 personnes âgées sans contact avec leurs proches, 5,7 millions de 60 ans et plus qui ont ressenti de la solitude ? Bien sûr, nous allons être très attentifs à ce que la lutte contre l’isolement social, qui est fondamentale dans le processus de maintien de l’autonomie de chacun figure, de façon pérenne, dans les futures politiques publiques.
Autre enjeu à relever, dans cette période incertaine avec la menace d’un rebond épidémique, il est, plus que jamais au cœur de notre mission, de continuer à faire changer les regards sur la vieillesse et sur la place des personnes âgées dans notre société. Les propos du Premier ministre invitant les grands-parents à ne pas aller chercher leurs petits-enfants à l’école nous ont interpellé. Comme ceux de Jean-François Delfraissy, le président du conseil scientifique, qui vient de déclarer qu’il faut que la France recommence à vivre tout en évoquant un renforcement de la protection des personnes âgées ou présentant un facteur de risque (diabète, obésité, maladies respiratoires…) afin de « créer une sorte de bulle autour de ces personnes ». En France, plus d’une personne sur cinq a 65 ans et plus. Peut-on accepter que 14 millions de personnes âgées soient privés de vie sociale alors que les autres recommencent à vivre ? Va-t-on continuer à considérer ces personnes âgées comme des personnes incapables d’appréhender les risques et de faire preuve de vigilance ? Est-ce vraiment la société que nous voulons ? Je livre ces questions à votre réflexion et à celle de nos auditeurs.
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