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Dans le sourire des enfants pauvres, l'espoir d'un monde plus fraternel

Un article rédigé par Christine Simon - RCF, le 20 janvier 2020 - Modifié le 6 mars 2024
ContemplationDans le sourire des enfants pauvres, l'espoir d'un monde plus fraternel

Christine Simone a rencontré Sorin, Stéfan, Denisa et Sorina, des enfants roms d'un bidonville près de Lille. À leurs côtés, elle trouve pourtant l'espoir d'un monde plus fraternel.

Enfants dans une charette - Photo by Christoffer Zackrisson on UnsplashEnfants dans une charette - Photo by Christoffer Zackrisson on Unsplash

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Aujourd'hui, je voudrais vous parler des enfants. Ceux que je rencontre quotidiennement dans les rues de Lille. Ils s'appellent Sorin, Stéfan, Denisa, Sorina. En 1990 j'ai fait un voyage au Venezuela, j'ai un frère qui vit là-bas. Ça a été un choc. J'ai vu des enfants fouiller les poubelles, faire la manche. C'était des enfants des bidonvilles. Je n'imaginais pas voir cela un jour en Europe, en France.

Et puis il y a quelques années, j'ai découvert des familles entières, s'adonnant à la mendicité. Je pense qu'il y a eu beaucoup de gens à cette époque, à partager la même sidération que moi. Mais au fil du temps, nous nous sommes habitués. Ils sont entrés dans notre paysage urbain.
 

rencontre avec Une famille rom

Sorin, Stéfan, Denisa et Sorina ne parlent pas français. Ils sont là depuis quelques mois seulement et ne vont pas à l'école. Il n'est donc pas très simple de communiquer avec eux. Un jour, nous avons cherché ensemble où se trouvait la Roumanie sur une carte du monde, ce fût notre premier contact. Je leur ai montré tout le chemin qu'ils avaient parcouru pour arriver à Lille. Puis, nous avons découvert que nous pouvions nous comprendre grâce au logiciel de traduction sur mon téléphone. Ça a Ä—té l'occasion de bien des échanges et de bons fous rires. J'ai appris grâce à ce moyen qu'ils sont six frères et sœurs et que leur papa est décédé. Je connais un peu leur maman, une petite femme, toute recroquevillée sur elle-même. Denisa est la plus petite de la fratrie.

Un jour je ramassais un papier par terre pour le jeter dans une corbeille, elle m'a demandé le papier et m'a fait comprendre qu'elle voulait un crayon. Assise par terre, sur un bout de carton humide, tout en faisant la manche elle a commencé à dessiner un paysage. Stéfan et Sorin sont jumeaux. Ils sont espiègles. Ils courent partout et me font tourner en bourrique. Ils se disputent souvent, il aiment aussi beaucoup rire. Sorina, la grande sœur est plus discrète, elle fait parfois de très jolis sourires, mais semble le plus souvent terrorisée, comme quelqu'un qui a l'habitude de prendre des coups, en cela, elle ressemble déjà à sa maman.
 

des mondes parallèles

Lorsqu'en 1990, j'ai voulu parler aux enfants des rues de Caracas, ma nièce, qui était alors une petite fille, s'est aussitôt indigné et m'a expliqué qu'il ne faut pas parler avec eux. Pourquoi ? Parce qu' il ne faut pas ! C'est comme s'il y avait des mondes parallèles et que des murs nous séparaient.

Pendant que nos enfants rentrent de l'école avec leur goûter et jouent dans leur chambre jusqu'au souper, les enfants roms eux, font la manche toute la journée, par tous les temps, ils fouillent nos poubelles et retrouvent leur famille dans des caravanes pourries au milieu des rats, ils seront régulièrement délogés par la police. Pourtant, Sorin, Stéfan, Denisa et Sorina, par leurs sourires d’enfants, m’enseignent la beauté des rencontres, l’espoir d'un monde plus fraternel.

 

 

 

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