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"Dans nos petits magasins de proximité, on voit un redémarrage du bio"

"Dans nos petits magasins de proximité, on voit un redémarrage du bio"

Un article rédigé par Anne HENRY - RCF Hauts de France, le 26 mars 2025 - Modifié le 26 mars 2025
Commune planète • RCF Hauts de France[Emission spéciale] : Quelle place pour le bio en grande distribution ?

Benoit Soury, directeur du marché Bio chez Carrefour et administrateur de l’Agence Bio, annonce une timide reprise des ventes du Bio en grande distribution. Une aubaine car depuis 2021, le chiffre d’affaires ne cessait de diminuer tous les ans. Pour quelles raisons ? Quelles solutions ? Benoit Soury s’exprime face à Sophie Tabary, productrice bio et présidente de Bio en Hauts-de-France, dans un débat Voix du Nord – RCF Hauts de France.

Atypix - Photo-Reportage - Ferme du Limeur - 25 (WEB) Crédit Matthieu ChanelAtypix - Photo-Reportage - Ferme du Limeur - 25 (WEB) Crédit Matthieu Chanel

- 3,9% en 2021, - 4,7 % en 2022, -3,8 % en 2023 (source Agence Bio) : voilà l’évolution du chiffre d’affaires  généré par les produits Bio dans la grande distribution (Carrefour, Leclerc, Auchan, U, Intermarché Casino ..).. Pourtant, les GMS (grandes et moyennes surfaces) représentent 55 % de l’activité Bio tous produits confondus. C’est dire si ce canal de distribution est primordial pour le secteur Bio.

 

 

Impact inflationniste
Les raisons de ce recul ont été diverses comme l’explique Benoit Soury : 

Réduction du pouvoir d’achat liée à l’inflation alimentaire de 23 %  entre 2022 et 2023 et moins de référencement en épicerie du à l’arrêt de fabrication de produits bio de marques non spécialisées (céréales,  chocolats …) devenus trop chers pour le consommateur. 

Sophie Tabary évoque aussi les marges plus importantes sur les produits bio, relevées par l’UFC-Que choisir. Il y a alors eu un recentrage sur les produits bio de MDD (marque de distributeur) et les marques Bio spécialisées. Mais aussi un report des consommateurs vers les magasins bio spécialisés (Biocoop, La Vie Claire, Naturalia …) et la vente directe ; deux canaux de distribution dont l’activité repart (redémarrage à relativiser puisqu’il y a eu 800 fermetures de points de vente en 2 ans). On peut aussi citer comme autres causes de la baisse, la multiplication des labels, qui a perdu les consommateurs et renforcé la concurrence du local et des circuits-courts par rapport au label AB qui fête cette année ses 40 ans.

En 2023, le chiffre d'affaires de 12 milliards d’euros du bio (les chiffres de 2024 communiqués en juin 25 devraient être dans la même tendance) était stable ; la baisse dans la Grande distribution a été ainsi compensée par la croissance dans les magasins spécialisés et la vente directe.

 

Un secteur bio difficile dans les Hauts-de-France
Sophie Tabary s’interroge alors sur la stratégie à venir de la grande distribution, notamment en matière d’approvisionnement bio plus durable. Quelle place  sera accordée à ces produits bio de marques non spécialisées  qui peuvent se retirer du jour au lendemain des rayons et qui fragilisent la filière ? Dans les Hauts-de-France, le sujet est d’autant plus sensible que le bio ne représente que 3 % de surfaces agricoles utiles (contre 10 % en France) et que la filière est fragile : 

on  est sur des systèmes les plus difficiles à convertir, ce sont des systèmes de grandes cultures, où il n’y a plus de biodiversité. La transition des fermes vers le bio prend au moins dix ans. Or, on n’a pas de contrat sur dix ans avec la grande distribution. On n’est pas sur le même timing et on ne peut pas être la variable d’ajustement en cas de retournement de marché. 

 

 

 

La solution de la contractualisation
Pour Benoit Soury, une des solutions pour structurer la filière Bio, c’est la contractualisation de la grande distribution avec les producteurs pour consolider l’offre.  Aujourd’hui, cela ne concerne que 10% des agriculteurs bio. « Chez Carrefour, nous avons 4700 contrats signés avec des producteurs bio, sur 3 à 5 ans, qui fixent le mode de détermination du prix pour les produits non transformés ou les conditions de négociation s’il y a transformation. Cela a permis aux producteurs de passer cette crise de régression des volumes. »

 

 

Autre piste d’action : travailler la stratégie de la demande comme explique celui qui a créé la filière Bio chez Carrefour : «  On a une communication nationale Act for good, pour une consommation bonne pour la santé et bonne pour la planète et 7 millions de cartes de fidélité dédiées au bio. » Soit des investissements de plusieurs dizaines de millions d’euros.

 

Reprise timide du marché
Mais quelques signes sont encourageants pour 2025, annonce Benoit Soury pour le réseau Carrefour  :  

En ce moment dans nos petits magasins de proximité, on voit une redémarrage du bio, grâce au frais et aux MDD. L’activité est stable aujourd’hui dans les supermarchés, elle est encore en baisse dans les hyper. Preuve que le pouvoir d’achat des français reste tendu.
 


Sophie Tabary, présidente de Bio en Hauts de France, souhaite aller plus loin : 

On a la nécessité collective de réinventer un récit qui nous permette de mieux vivre d’içi 30 ans. La grande distribution doit s’y mettre aussi. Elle a une responsabilité parce qu’elle a une force de communication qu’on n’a pas dans nos fermes. 

Soutien public
Mais les distributeurs avancent en ordre dispersé sur la question : « Carrefour fait 6 % de son chiffre d’affaires avec les produits bio qui représentent 9 % de notre assortiment. On laisse la chance au produit. Il faut donc maintenant inciter le consommateur à acheter bio. Mais ce n’est pas une démarche de tous les distributeurs.» Ni des pouvoirs publics qui ont lâché le bio dans la dernière Loi d’orientation agricole, « l’état devrait arrêter de financer les outils de transformation pour se concentrer en amont sur les producteurs bio et en aval sur la consommation bio. » conclut Benoît Soury. On voit bien que le bio cherche encore son modèle dans la grande distribution.

=> Retrouvez l'intégralité des podcasts Commune Planète Hauts-de-France

Commune Planète Hauts de France
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Commune planète • RCF Hauts de France
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