Avec Kaizen magazine, Pascal Greboval explore des solutions écologique depuis 10 ans. Selon lui, l’éducation à l’écologie pour les enfants, est-ce le rôle des parents, de l’école ou des médias ?
On peut apprendre à tout âge de façon générale et en particulier en ce qui concerne le vivant.
Par exemple, cet été j’ai quasi perdu toute ma récolte de pommes de terre. Certes, l’été fut caniculaire mais je pense que je dois encore apprendre sur la question du jardinage. Et il serait irresponsable de rejeter la responsabilité sur les seules épaules des enfants. Or, ce qui est fou, c’est que mes grands-parents étaient quasi autonomes en légumes. Au-delà de mon cas personnel, le constat est qu'en deux ou trois générations, nous avons perdu ces savoirs liés à la nature, que ce soit le jardinage mais aussi sur la faculté à reconnaître les arbres, le chant des oiseaux, ou les plantes que l’on peut récolter pour faire des tisanes, des sirops, etc. L’école n’a pas été très formatrice non plus sur le sujet.
Pendant ma scolarité, j’ai appris le théorème de Pythagore, à calculer des dérivées, à conjuguer – à peu près – à tous les temps. En revanche, personne ne m’a appris à reconnaître les arbres, à identifier le chant des oiseaux, à cultiver des carottes ou des épinards. Je vais même plus loin : aucun prof ne m’a appris à exprimer calmement mes émotions, à prendre la parole en public, à trouver un compromis en cas de désaccord.
Je ne sais pas ! C’est clairement une question d’éducation. À moins que ce soit une question d’apprentissage ? Ces questions fondamentales, peut-être est-il temps de se les poser 140 ans après que l’école soit devenue obligatoire.
Je pense que parents et enseignants doivent coopérer pour sensibiliser les jeunes. D’ailleurs, je pense que coopérer est le mot essentiel dans l’Education à l’environnement. Sur une planète aux ressources finies, il est temps de comprendre que nous devons partager ces ressources. Et qui dit partage dit favoriser la coopération à la compétition. C’est parce que nous sommes dans une démarche frénétique de compétition que nous n’avons pas pris soin de la nature. La compétition est certes présente à l’école, mais aussi dans les associations , chez certaines familles . Il s’agit donc d’apprendre à coopérer entre nous, mais aussi de coopérer avec la nature. Comprendre que nous faisons partie d’éco système ou chacun à sa place, à son rôle. On se focalise souvent sur le dérèglement climatique mais c’est confondre le symptôme et la cause, quand bien même on arrêterait d’émettre le moindre gramme de Co2. La sixième extinction a bien commencé, et elle semble inéluctable, ce qui est un élément fondamental dans la crise écologique que nous vivons. Il devient donc urgent de nous reconnecter au vivant.
Commençons par des choses simples, que ce soit pour les enfants ou nous les adultes : observer, découvrir, on ne protège bien que ce qu’on connaît. Parents comme enseignants peuvent le faire avec les enfants. Aller dans un parc, dans un champ, dans une forêt, sur la plage observer un arbre, une libellule, une fourmi, un oiseau, regarder comment ces plantes, ces animaux vivent, évoluent. Juste prendre le temps de les regarder et de les questionner, comment se nourrit-il ? Combien de temps vivent-ils ?
Prendre soin du vivant c’est d’abord ressentir des émotions. Comme quand on mange la tomate qu’on a cultivée, quand on observe une mésange qui vient manger les graines que vous avez posées dans l’arbre près de chez vous ou sur votre balcon. Les injonctions du type "faut pas polluer" seront toujours moins fortes que ces temps de connexion à la nature. Il n’y pas besoin d’être un expert, un scientifique, tout le monde peut prendre ce temps d’observation de questionnement et d’émerveillement. Il suffit d’ouvrir les yeux sur le monde qui nous entoure.
Pour aller plus loin : https://kaizen-magazine.com/conference/sommet-education-apprendre-autrement/
Kaizen est un magazine "explorateur de solutions écologiques et sociales". Une chronique à retrouver tous les mardis à 10h55 dans Je pense donc j'agis.
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