Les énergies fossiles sont des sources d’énergie hautement carbonées avec un fort impact sur l’environnement. Face à leur exploitation toujours plus importante, des chrétiens s’engagent pour désinvestir et faire désinvestir leurs institutions. Une émission Je pense donc j’agis présentée par Melchior Gormand.
Les énergies fossiles sont généralement profondément enfouies sous terre. Leur exploitation seule produit des dommages environnementaux importants pouvant amener jusqu’à la stérilisation des terres alentour. Pourtant, les projets pour ouvrir de nouvelles mines et puits de pétrole ne cessent d’être présentés par les grands fournisseurs d’énergie, à l'instar de Total et son projet EACOP.
Ces ressources sont généralement situées et exploitées dans des États tiers peu regardant des normes et du respect de l’environnement, contrairement aux pays développés qui ne cessent de subventionner ces activités. En 2022, les producteurs d’énergie fossiles ont reçu 1 000 milliards de dollars de subventions pour poursuivre leurs exploitations. Bien que décriées, ces entreprises sont soutenues par de nombreuses autorités politiques et par de grands groupes financiers. Cependant, d’autres acteurs n’hésitent pas à se dresser contre elles et prendre des mesures concrètes, notamment parmi les chrétiens.
Publiée le 18 juin 2015, Laudato Si’ est la deuxième encyclique du pape François. Paru quelques mois avant les accords de Paris de la COP 21, ce texte évoque les énergies renouvelables et l’importance de cesser "la destruction de la Terre par l’emploi d’énergies fossiles". Pour Olivier Bouilliez, catholique, référent écologie intégrale du diocèse de Grenoble-Vienne, il y a clairement un avant et un après dans la question de l’écologie au sein des paroisses : "à la suite de la publication de Laudato Si', condamnant la pollution, l’engagement au sein de l’Église s’est fait progressivement. Ça a commencé par les évêques qui, de 2019 à 2022, ont consacré deux jours de leurs assemblées plénières à Lourdes à la réflexion écologique".
D’après les promesses formulées par les évêques, un référent en écologie devait être présent dans chaque diocèse. À l’heure actuelle, on en retrouve dans 80 % d’entre eux. "Nous avons assisté à une gestion plus méticuleuse de l’investissement des biens de l’Église et de l’impact que ses financements pouvaient avoir", rappelle Olivier Bouilliez. De nombreux évêques appellent aujourd’hui les fidèles à suivre l’exemple.
Charlotte Mijeon, protestante, responsable du label Église verte à l’Église Protestante Unie de Rennes et membre du collectif Lutte et Contemplation, souhaite que son Église communique davantage sur le sujet de la lutte pour l’environnement. De son côté, Olivier Bouillez a rappelé l’importante richesse dont les catholiques disposent. "Les fonds possédés par les catholiques pratiquants sont probablement 10 fois plus importants que les fonds possédés par l’Église. Les actions menées par les paroisses ne doivent pas être considérées comme une fin mais plutôt comme un exemple dont les fidèles doivent s’inspirer".
On note, par ailleurs, une nette augmentation des initiatives éco-chrétiennes, souvent liées à la sauvegarde des espaces environnementaux et à la décarbonation du quotidien. Des initiatives qui ne doivent pas masquer tout ce qui peut encore être fait. Pour Olivier Bouilliez, l’une des premières actions qu’il serait possible de faire serait de savoir où va notre argent et s’assurer qu’on ne le confie pas à des groupes contestés : "Il est important de se rappeler que, si l’on veut sortir du fossile, il faut le faire par la finance mais aussi par nos actions. Tant que nous serons pilotés par le financier, on en reviendra toujours au fossile".
Avec la publication de Laudato Si’ en 2015, les initiatives se sont démultipliées. En 2017, le label Église verte fut créé pour venir en aide aux communautés chrétiennes désireuses de s’engager au nom de l’environnement. Ainsi, différents organismes partageant un but et une foi commune peuvent communiquer entre eux sur les différentes problématiques rencontrées et solutions envisagées.
Malgré tout, Charlotte Mijeon nous rappelle que l’effort ne doit pas diminuer face à l’action d’autrui : "On ne peut pas juste annoncer le Salut par la Grâce, il faut aussi exposer la responsabilité donnée par le Salut. Cela doit passer par une prise de conscience très concrète de nos actions".
Désinvestir des énergies fossiles. C'est ce à quoi le collectif Lutte et Contemplation et le Mouvement Laudato Si' invitent les institutions chrétiennes. Convaincus que les banques et institutions financières jouent un rôle clé dans la perpétuation de l'extraction du pétrole, du charbon et du gaz, les promoteurs de la campagne encouragent les chrétiens à interpeller leurs diocèses, communautés et mouvements sur le sujet. Écoutez la première partie de l'émission Je pense donc j'agis :
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