Avec le réchauffement climatique, les sécheresses et les maladies, mais aussi après le chamboulement de la crise sanitaire, quel avenir peut espérer la filière bois aujourd’hui dans le Grand Est, alors que les forêts occupent un tiers du territoire ? On en parle avec David Rozenfarb, chargé de communication pour FIBOIS Grand Est, l'interprofession forêt-bois de la région.
RCF: Quel est l'état de nos forêts aujourd'hui?
David Rozenfarb: Spontanément, quand on pense aux forêts du Grand Ouest, on imagine que ce sont principalement des forêts de résineux. Et en fait, non, ils représentent 20 % des essences d'arbres et on est plutôt sur une forêt Grand Ouest qui est à 80 de feuillus. Aujourd'hui, le territoire forestier, c'est un tiers du territoire du Grand Ouest, avec une forêt qui, en grand test, croît elle, et s'étend peut être un peu moins vite qu'il y a encore une quarantaine ou une cinquantaine d'années. Mais pour autant, elle est toujours en évolution et elle est en renouvellement. La régénération, elle se fait naturellement à 97, donc c'est vraiment accompagner la forêt à trois. Avec le réchauffement climatique, ça va peut être s'accentuer et par rapport à certaines essences qu'on voit en difficulté, il va falloir les accompagner plus fortement et accélérer ce changement là pour que l'homme puisse continuer à profiter de ces forêts là. Les acteurs de la filière récoltent 8 millions de mètres cubes sur l'ensemble du territoire et la forêt sur notre région croît chaque année de 13,3 millions de mètres cubes. Et donc, vous avez vraiment une gestion raisonnée, aujourd'hui, on sait qu'on a un réchauffement climatique qui est acté. Les forestiers ressentent vraiment ce changement climatique depuis à peu près trois ans. On a une ressource hydrique qui est en réduction moins de pluie, donc moins d'eau pour les arbres qui en souffrent. Et effectivement, un réchauffement climatique qui permet à des espèces qui jusqu'à présent, étaient plutôt cantonnées dans le Sud de remonter notamment les deux phénomènes les plus manifestes qui sont la chenille processionnaire du chêne. Et puis vous avez le scolytes.
RCF: Et quel est le poids économique de la filière bois pour notre région?
David Rozenfarb: On est sur une balance commerciale qui est négative. On importe plus de matière en bois qu'on en exporte. Ce qui est une prise de conscience aujourd'hui des acteurs de la filière de se rendre compte que c'est dommage. Donc, il y a un vrai processus de changement d'habitudes et de changements de pratiques pour se tourner plutôt vers la valorisation de notre matière. Et ça passe par des investissements. Vous avez différents niveaux, vous avez le domaine forestier, vous avez le domaine de la première transformation ou vous avez les avoir des scieries, les fabricants de panneaux en bois, les fabricants de papier, de carton, puis la deuxième transformation. Là, on est plutôt sur l'aménagement intérieur, les huisseries et puis la construction globalement. Et puis effectivement, il y a quelque chose qui vient de nous percuter aussi de plein fouet, qui est la crise ukrainienne. Ou là, effectivement, des questions énergétiques, des questions de valorisation de bois : on a du feuillu, qu'est ce qu'on peut en faire? Traditionnellement, la construction en bois se fait sur du résineux. Le résineux venait pour partie de Sibérie, donc ça veut dire qu'on se recentre sur nos forêts et nous. Notre matière est de trouver des débouchés sur sur le feuillus principalement et majoritairement, le bois est utilisé pour la construction, l'aménagement, l'ameublement. Donc on est autour de 43 % dédiés aux bois qui vont être utilisés dans cette famille d'acteurs. Ensuite, vous allez avoir le bois-énergie qui représente 28 % de la consommation du bois et puis ensuite pour ce qui est papeterie. Et puis le panneau en bois. On est sur 28% d'utilisation de la matière. Vous avez à peu près 10 000 entreprises en Grand Ouest associées à la filière bois. Ça représente à peu près 47 000 salariés aujourd'hui. La filière chaque année a un besoin de recrutement de 8000 nouvelles personnes, mais une difficulté à recruter qui est assez importante.
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