Dimanche, c’est la Saint-Valentin et je profite de cette occasion pour évoquer un sujet toujours tabou dans notre société, les amours des personnes âgées. Nous assistons régulièrement au sein des équipes des Petits Frères des Pauvres à la naissance d’histoires d’amour entre des personnes que nous accompagnons, des rapprochements, des gestes de tendresse, des regards complices, des baisers furtifs.
Cette semaine, j’ai appris que deux personnes accompagnées avaient décidé de s’installer ensemble à l’occasion du deuxième confinement. Elles s’étaient rencontrées à l’occasion des actions collectives et des sorties que nous organisons pour rompre leur isolement. Il n’y a pas de mystère, quand on permet à des personnes âgées très isolées de sortir de leur quotidien, de reprendre pied dans la vie, de pouvoir rencontrer d’autres personnes avec qui elles vont avoir des affinités et des repères communs, les sentiments amoureux peuvent arriver. L’amour n’a pas d’âge, il n’y a pas de date de péremption pour le sentiment, le désir, l’envie de l’autre.
Notre société a encore du mal à accepter les amours des personnes âgées. Elles peuvent d’ailleurs créer des tensions au sein des familles avec des aînés qui en arrivent à cacher leurs relations amoureuses ou qui font face à l’hostilité de leurs proches. L’idée que des personnes âgées puissent avoir des relations intimes dérange toujours. Même si la situation évolue petit à petit, comme en établissements, où les professionnels mènent de nombreuses réflexions sur le sujet pour favoriser le respect de l’intimité des résidents. C’est vrai aussi que les diktats que la société nous suggère avec insistance concernant la perfection des corps et le culte de la jeunesse ne participent pas de l’acceptation de ces amours de vieillesse.
Et pourtant, nous vivons de plus en plus vieux et les couples de personnes âgées sont de plus en plus nombreux. Il est important de changer de regard sur cette vieillesse et d’intégrer qu’on peut aimer et désirer jusqu’au bout de la vie. Et que le délitement de nos corps n’est pas un obstacle. Comme me confiait Roger, une personne accompagnée qui vit depuis trois ans avec une autre personne que nous accompagnons : "Je ne pensais pas que c’était possible de tomber à nouveau amoureux à notre âge. C’est vrai qu’on n’est pas des Apollons avec nos rides et notre peau distendue mais on est bien ensemble, on s’aime et on est heureux. C’est l’essentiel". Bonne Saint-Valentin à toutes et tous !
Chaque semaine, RCF donne la parole à l'association Petits Frères des Pauvres.
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