L’observation du monde qui nous entoure est primordiale, mais il ne faut pas oublier celles et ceux qui n'ont pas cette possibilité. Pour les personnes déficientes visuelles, observer le monde, c’est d’abord le lire et ça passe par l’apprentissage du braille. Pourtant, seulement 9% des non-voyants l’utilisent. Pourquoi et comment développer son usage ?
La plupart des non-voyants le deviennent à l’âge adulte ou lors du vieillissement. Mais d’autres cas sont possibles comme la malvoyance de naissance. Les enfants qui y sont confrontés ont évidemment un apprentissage différent de leurs camarades afin de s’adapter rapidement autant qu’un enfant sans handicap. "Les enfants doivent apprendre le braille" insiste Caroline Chabot, fondatrice de la maison d'édition associative Mes mains en or. Elle explique l’importance de l’apprentissage du braille et lutte quotidiennement contre l'illettrisme des jeunes. L’association créée en 2010, œuvre à la création de livres tactiles et l’adaptation d'ouvrages connus pour les jeunes aveugles. Des collages, de la couture et des reliefs permettent à l'enfant de lire avec la pulpe du doigt, renforçant son imagination et son système cognitif. "Le braille a une fonction sociale" témoigne Joël Hardy, docteur en sciences de l'éducation. Il explique que c'est un outil d’intégration sociale dans une époque où la lecture et l’écriture sont déterminantes.
Les enfants qui sont aveugles de naissance ou depuis petits, connaissent souvent des problèmes de verbalisme car ils ne comprennent pas toujours le sens des mots. La lecture et l’écrit sont donc très importants et complémentaires. L’enfant ne lit peut-être pas le texte, mais le toucher va l’aider à développer son imaginaire. Des études ont prouvé que les enfants qui grandissent avec la lecture ont plus de facilité à entrer dans l’apprentissage dès la maternelle. L’importance de développer le braille, c'est avant tout pour l'autonomie des personnes en situation de handicap et limiter les facteurs de fractures sociales qui peuvent se présenter chez les non-voyants qui ne savent pas lire le braille.
Développer l’apprentissage du braille c’est développer ses sens. Les bénévoles de l'association Mes mains en or créent des livres tactiles qui aident à l’apprentissage, l’imagination et l’autonomie des enfants. Malheureusement, les coûts de production sont élevés. Par exemple, une série de 200 exemplaires coûte 20 000 euros à produire, alors que le développement de ces techniques est nécessaire pour aider les non-voyants. Samy, un auditeur de l’émission, est un ancien enseignant du braille pour les enfants et adolescents malvoyants. Selon lui, développer son usage est très compliqué car les malvoyants s'orientent vers des techniques d'écoute vocale pour plus de rapidité et de confort. "On joue sur la concurrence entre le son et la lecture, alors qu’ils devraient être complémentaires" déplore Samy. La synthèse vocale est très performante pour un apprentissage rapide mais évite la création de liens sociaux entre les voyants et les personnes malvoyantes. Un autre facteur qui affaiblit le développement constant du braille est le manque d’éducateurs pour l'enseigner aux adultes. Les enfants non-voyants, eux, ont l'obligation d’apprendre à le lire et l'écrire et ont donc des enseignants spécialisés.
Le braille permet d’accéder aux loisirs mais aussi à l’information. L’écriture et la lecture grâce au braille ouvrent des portes éducatives facilitant l’apprentissage chez les enfants. Son développement est nécessaire pour donner à chacun des bases culturelles communes et intégrer davantage les non-voyants.
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
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