Trouvé du travail est un parcours du combattant pour les personnes handicapés. A Béthune, une crêperie donne leur chance à de jeunes atteints de troubles cognitifs.
Lorsque l'on pousse la porte du Petit Plus, on est chaleureusement accueilli par Axelle, Lucie et Hugo. Ils ont tous les trois la vingtaine, sont porteurs de handicaps et sont les petites mains de la crêperie. Préparation, service, caisse, plonge, ils sont partout. "Ce que je préfère c'est la salle et le service avec les clients" explique Axelle, 22 ans, porteuse de trisomie 21. En cuisine Francky Cagniart, le chef, et Moussa, son second, s'occupent des galettes et des crêpes.
Menu court et simplifié, poignées pour transporter les assiettes, tables numérotées... Ici tout est pensé pour faciliter la tâche des employés. L'idée a germée dans la tête de Francky Cagniart pendant de longues années. Elle s'est concrétisée lors de la fermeture de l'usine Bridgestone de Béthune ou il a travaillé pendant 18 ans. Depuis sa cuisine il garde toujours un oeil sur la salle pour s'assurer que tout se passe bien. "Ces jeunes ne peuvent pas rentrer dans des milieux de travail protégés et dans les milieux ordinaires on n'en veut pas donc il faut leur trouver une solution" explique-t-il.
Seulement 38% des personnes en situation de handicap ont un emploi selon l'INSEE. Souvent victimes de discriminations à l'embauche ou d'employeurs frileux. "Ces petits jeunes n'ont pas les mêmes capacités qu'une personne valide et les chefs d'entreprise doivent les rémunérer à 100%. Pour que les entreprises s'y retrouvent il faudrait une aide de l'Etat" explique Francky Cagniart. Il milite activement pour cela depuis l'ouverture du Petit Plus. Il a été reçu à l'Assemblée Nationale l'an dernier et rencontre régulièrement des élus locaux. Il veut faire de son restaurant une vitrine pour l'emploi des jeunes en situation de handicap.
Un contrat long et stable c'est aussi une voie d'émancipation pour ces jeunes. Axelle par exemple, va bientôt signer un CDI après deux ans de CDD. "Le Petit Plus c'est mon premier vrai emploi après des petits boulots en manutention ou en magasins. J'ai pu déménager, reprendre confiance en moi" témoigne Hugo. "Moi je viens de faire une demande de logement social pour pouvoir prendre mon indépendance" se réjouit Lucie. L'accompagnement social des salariés est assuré par Marie-Aude Cagniart, la femme de Francky. Leurs enfants viennent aussi parfois donner un coup de main. "C'est une aventure familiale, c'est très prenant et fatigant mais tellement enrichissant pour nous et pour les enfants" explique Marie-Aude entre deux services. "Il faut vraiment leur faire confiance, pour rien au monde je retournerai travailler avec des personnes lambda" conclue Francky.
Cet article est un extrait de Tous Frères, notre reportage dédié à la solidarité dans les Hauts-de-France.
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