"Remplissez la terre et soumettez-la", dit la Genèse. Est-ce la Bible qui a fait croire à l'humanité qu'elle était supérieure à la nature ? Les religions sont en tout cas souvent désignées responsables de la crise environnementale. Le pasteur et militant écologiste Stéphane Lavignotte, nous aide à dépasser cette vision. Il nous donne des clés pour comprendre comment nous percevons le monde.
Le fameux verset de la Genèse "remplissez la terre et soumettez-la" (Gn 1, 28) aurait instillé dans notre vision du monde l’idée d’une humanité supérieure à la nature. De là à dire que les religions sont responsables de la crise écologique, pour certains il n'y a qu'un pas. Auteur du livre "L’écologie, champ de bataille théologique" (éd. Textuel, 2022), Stéphane Lavignotte, pasteur et militant écologiste, nous aide à affiner notre pensée.
"Mon expérience de militant écolo qui, à un moment, devient croyant, c’est que je m’aperçois qu’énormément de questions politiques que je traitais comme un militant écologiste, elles ont un arrière-plan théologique." À 52 ans, Stéphane Lavignotte est pasteur en milieu populaire. Il vit à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, où il est le coordinateur de la Maison ouverte. Ancien journaliste pour Témoignage Chrétien ou Réforme, il est devenu pasteur après une conversion et un baptême à l’âge de 30 ans.
Dans la pensée chrétienne, en matière d’écologie, il y a "énormément de choses à prendre et à laisser..." Mais tout est à questionner. Ce que Stéphane Lavignotte se propose de faire dans son livre, avec ses "théologèmes". Un mot qu’il a lui-même inventé à partir des mots "théologie" et "théorème" ; "C’est l’idée que la réalité, notre vision du monde, peut s’expliquer par des concepts théologiques sous-jacents".
Ainsi, la conception linéaire du temps, qui nous vient du judaïsme et du christianisme, a remplacé dans nos imaginaires une conception cyclique du temps. L’idée d’un éternel recommencement qu’avaient les Grecs anciens. Le temps conçu "comme une flèche, du paradis au royaume de Dieu", c’est ce qui permet d’expliquer toutes les utopies progressistes, rappelle le pasteur et théologien. Son concept de "théologème" permet donc de mettre en avant tout cet "arrière-plan théologique" de nos visions du monde. Un arrière-plan "que l’on a intérêt à comprendre si on veut se saisir de nos imaginaires et essayer de les transformer".
"On ne donne pas assez d’importance aux imaginaires dans les enjeux de transformation", regrette le pasteur et militant écologiste. Si les années 70 avaient su produire des utopies, cela semble être moins le cas aujourd’hui. Sans doute est-ce parce que "la jeune génération va subir la crise climatique en plein" et qu’elle est "angoissée par ce futur" ?
Avec la redécouverte du chamanisme ou le développement de l’écopsychologie – un concept porté par Johana Macy, une femme d’origine protestante mais ancrée dans le bouddhisme – nos contemporains s’approprient toutefois certaines ressources spirituelles - et par là, de nouveaux imaginaires. "Cette ouverture spirituelle commence à faire la place aussi aux ressources chrétiennes", observe Stéphane Lavignotte. Ainsi, la messe célébrée en marge de l’occupation de la porte Saint-Denis à Paris, lors du week-end de Pâques, par les militants d’Extinction Rebellion (XR). Eucharistie célébrée par un prêtre du mouvement écologiste.
Commune conversion, c'est le récit d'une conversion écologique et de ses conséquences: une femme, un homme, un couple, un groupe, une famille témoigne de sa prise de conscience, soudaine ou progressive, de l'urgence écologique et de la façon dont cela a changé sa vie. Ces témoignages, à la croisée de la lucidité sur l'état du monde et de l'espérance enracinée dans une mise en mouvement, dessinent le monde de demain.
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