Les guerres, les crises climatiques ou les conditions de vie dans le monde comptent parmi les raisons qui poussent les étrangers à venir s’installer en France. Alors entre intégration dans la société, apprentissage de la langue et insertion professionnelle, de plus en plus d’associations s’engagent à épauler les exilés pour mieux les accueillir.
Nombreux sont ceux qui souhaitent favoriser l’accueil des personnes exilées, mais qui peinent parfois à faire le premier pas. Pourtant, le nombre d’associations permettant cet accueil est croissant.
C’est son indignation suite au démantèlement de la jungle de Calais qui a poussé Julie Huou à fonder l’Association pour les Migrants de Nîmes, fin 2017. Si l’objectif est d’aider les exilés dans leurs démarches administratives, l’idée est aussi de mener un travail de sensibilisation auprès des français. L’association se rend donc fréquemment dans des écoles pour permettre "une prise de conscience de la réalité du parcours du combattant". De ces séances, elle apprécie notamment "l’engouement général" dans les questions et les solutions proposées.
Pour permettre aux étrangers de rester dignes sans avoir de papiers, les défis sont pluriels. Maïa Bourreille est fondatrice et directrice générale de l’association Yoon France, qui œuvre à l’insertion professionnelle des étrangers en France. Avant de trouver un emploi, l’accent est mis sur l’obtention d’un titre de séjour : "être en règle est crucial pour eux, il faut respecter leur humanité". La perte de papiers entraîne la perte de confiance, qu’il s’agit de retrouver petit à petit.
Le paradoxe entre la pénurie de recrutement exacerbée cet été et la main d'œuvre disponible en France a de quoi surprendre. Yoon France accompagne les étrangers de A à Z dans leur recherche d’emploi, en alliant coaching, cours de français et co-pilotage, le tout dans un "discours de transparence et de vérité". L’objectif est de faire rencontrer l’offre et la demande, mais en veillant davantage à la qualité qu’à la quantité. "Qui cherche tout ne trouve rien", souligne Maïa Bourreille. La directrice a bon espoir : "si le peuple de France s’implique, si les énergies s’allient, les choses pourront évoluer".
Beaucoup d’exilés sont pris de découragement face à l’importance des documents à fournir. Les dépôts de dossiers sont longs, les refus d’enregistrement nombreux. Julie Huou explique que depuis 2020, 90% du public ciblé est composé de candidats au séjour ou de personnes qui veulent renouveler leur titre. Ce titre, obligatoire pour travailler légalement, doit être obtenu urgemment. "Je trouve que ce sentiment d’injustice est de pire en pire", souligne Julie Huou, dénonçant des mécanismes qui "condamnent les exilés à l’errance pendant des années".
De plus en plus, les démarches se font par Internet. Seulement, cela complique la compréhension et ralentit les obtentions de titres de séjour, en "cumulant fracture numérique et fracture administrative". Les avocats et les associations s’indignent face à ce "tout numérique" qui filtre davantage. Pour Maïa Bourreille, si le numérique est un frein, "l'humain doit rester au centre".
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