Depuis 10 ans, le Père Jean-Yves Lhomme se bat pour faire sortir de terre ce qui sera le plus moderne hôpital de la région de Manajanry au sud-est de Madagascar. Une région où il n'existe aujourd’hui qu'un hôpital d'Etat de 60 lits pour 1 million d'habitants. Ce nouvel hôpital Sainte-Anne aura pour vocation d'accueillir les plus pauvres, souvent exclus des soins modernes. Rencontre avec un homme dont la persévérance face aux difficultés de tous ordre est impressionnante .
Mananjary est une ville d'environ quarante mille habitants, au sud-est de l'île de Madagascar. Très touchée par la pauvreté, elle manque de lieux de soins pour sa population : dans la région, on ne compte qu'un seul hôpital de soixante lits pour un million d'habitants.
Le Père Jean-Yves Lhomme, des Missions Etrangères de Paris, s'est lancé dans une entreprise impressionnante : faire sortir de terre un nouvel hôpital, à cinq kilomètres de Mananjary. Ainsi, en cas de montée des eaux, les bâtiments seront à l'abri. Ce sont des pavillons, et non une immense bâtisse : une façon de protéger la construction des conséquences des cyclones, des pluies diluviennes. Sans oublier la difficulté qu'il y aurait à entretenir régulièrement des ascenseurs.
L'évêque José Alfredo insiste sur l'idée de "défi", lorsqu'il évoque la santé locale. "Il faut enlever le tabou d'avoir peur de venir se soigner". Les personnes, en effet, se tournent encore vers le guérisseur traditionnel en cas de maladie.
Les pathologies dominantes demeurent le paludisme et les infections respiratoires, dans cette région au climat chaud et humide. L'Etat ne pouvant assurer tout le système de santé sur l'île, cet hôpital est une réponse pour accompagner les populations dans la durée. Sa construction et son fonctionnement répondent à des normes occidentales. Et le Père Lhomme rappelle que l'hôpital "doit durer dans le temps, pour les décennies à venir".
LA PASSION À L'ORIGINE DE LA PERSÉVÉRANCE
Le premier coup de pioche de l'hôpital a été donné en 2007. Qu'est-ce qui, alors, a permis au prêtre de tenir? "Je suis sensible à la détresse humaine, j'ai été confronté à beaucoup de demandes de la part de gens qui n'avaient plus personne vers qui se tourner. Il faut de la foi et du courage, mais surtout beaucoup de patience. Rien ne se fait en un jour dans ce pays. J’ai un côté un peu passionnel aussi. S’il n’y a pas de passion, on ne peut pas y arriver".
La prière permet au Père Lhomme de tenir, puisqu'il n'a guère le temps de tenir une paroisse ! Mais, au volant de son camion, il prie et glorifie Dieu. Cet hôpital, dit-il, est un "miracle d'amour et de solidarité".
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