En 10 ans, les épaves de bateau ont plus que doublé en mer Méditerranée. Pourtant depuis quatre ans, l'APER, l'Association pour la Plaisance Eco-Responsable, est agréée par l'État afin d'aider les propriétaires à se débarrasser gratuitement de leur navire.
Si vous avez pour habitude de vous promener dans le Golfe de Saint-Tropez, sur la
presqu'île de Giens ou dans les calanques de l'Estérel, ça ne vous aura pas échappé. Votre
regard s'est même sûrement arrêté devant un bateau isolé en pleine mer, ou échoué sur le
rivage.
Il y en a plus de 100 en Méditerranée, alors que la loi oblige les propriétaires à être responsables de leur bateau. « Le problème auquel on fait face aujourd’hui, c’est l’absence d’assurance, constate Gilles Boidevezy, préfet maritime de la Méditerranée. Quand des bateaux se retrouvent sur le rivage à cause du mauvais temps, ou après que l'ancre a lâché lorsqu’ils étaient laissés au mouillage (manœuvre pour jeter l’ancre NDLR), le propriétaire n’a pas les moyens ou pas la volonté d’enlever le bateau. »
? C’est un fléau dans notre région #PACA. Il y a plus de 100 épaves de bateau en #Méditerranée. Pourtant il est possible de s’en débarrasser gratuitement grâce à @RecyclerMBateau.
— Thibault Pointeau (@T_pointeau) 15 février 2023
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Un parc de bateaux vieillissant
Il est pourtant possible de faire déconstruire son bateau gratuitement. Depuis 2019, 7 000 propriétaires ont profité du dispositif mis en place par l’État à travers l'Association pour la Plaisance Eco-Responsable (APER). Cet éco-organisme agréé par le ministère de la Transition écologique prend en charge le coût de déconstruction du navire qui s'élève à environ 500 euros pour un bateau de taille moyenne. « C’est complémentaire à ce que peuvent faire les assurances », explique Gilles Boidevezy.
Le propriétaire doit seulement payer le transport entre le lieu où l’épave a été abandonnée et son centre ICPE (Installation Classée pour la Protection de l’Environnement) le plus proche dans lequel la démolition doit avoir lieu. Ce coût varie en fonction de la taille du bateau, de quelques centaines d’euros à plusieurs milliers. Le but, à terme, est de « prendre en charge le transport, ce qui devrait faciliter les choses », annonce le préfet maritime. Une mesure d’anticipation également. Le nombre de bateaux échoués a doublé en dix ans
et cette tendance n'est pas prête à s'inverser. « On a un parc vieillissant, les propriétaires n’ont plus les moyens et les ports sont saturés. » Un constat de la préfecture partagé par Ivana Lazarevic : « Les bateaux que l’on traite ont environ 40 ans », assure la déléguée générale de l’APER.
« 99% du bateau est valorisé »
Ce service de l'APER est dédié aux bateaux de plaisance, mesurant entre 2,5 mètres et 24 mètres, et immatriculés en France. Pour en bénéficier il faut en faire la demande sur le site recyclermonbateau.fr.
Une demande qui a notamment été faite par un professionnel du nautisme à Cannes. Son bateau vétuste n'est plus navigable, et a été récupéré par l'APER. Il vient d’arriver à Fréjus sur le site de Sofovar, une entreprise classée ICPE et spécialisée dans la valorisation des déchets. C’est l’un des neuf centres de déconstruction avec lesquels l’APER travaille en Méditerranée.
L’embarcation de 10 mètres passe sous une énorme pince et ses cinq dents de plus d’un mètre. Objectif : « Refaire de la matière avec de la matière, indique Jean-Luc Mikolajczyk, responsable de Sofovar. 99% du bateau est valorisé. Le bois va par exemple servir à faire du contreplaqué, des cagettes, des meubles de bureau… et le polyester va servir à de la valorisation énergétique (dans des cimenteries ou des centrales NDLR).»
Ainsi, à Fréjus, entre deux et cinq bateaux sont démantelés chaque semaine, évitant ainsi de polluer la mer, et les espaces protégés comme les zones Natura 2000 du littoral. Un partenariat a été noué entre l’APER et l’Office français de la biodiversité pour extraire les épaves présentes sur ces zones. Si le propriétaire est retrouvé, il écopera d'une amende de 20 000 euros.
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