En mars dernier, la commission européenne annonçait que près de 50 % des miels importés dans l’Union ne seraient pas conformes à l’exigence de la directive européenne sur le miel. Devant un tel constat, un apiculteur des Hauts de France, Mathieu Hebert, nous explique comment rester vigilant en tant que consommateur et comment les apiculteurs des Hauts de France se mobilisent.
Ancien journaliste, Mathieu Hébert s’est reconverti et a rejoint sa femme Hélène pour devenir apiculteur en 2019. Ils possèdent une exploitation à Hoymille (Flandres) et élèvent 400 colonies d’abeilles, dont plus de la moitié est réservée à la production et le reste à l’élevage. Ils ne vivent que de ça et doivent donc produire environ 10 tonnes de miel par an pour en vivre. « L’avantage du miel est qu’il se conserve et se stocke facilement. L’idéal est de se prévoir un an de stock ce qui permet de lisser les années de production bonnes ou mauvaises. » explique Mathieu Hébert.
Ses deux ruchers sont installés en Flandres et en Picardie où est produit du miel de tilleul, spécifique à ce territoire. Malheureusement, « ce début de saison est compliqué, du à un hiver doux. Les reines se sont remises à pondre, générant plus d’abeilles dans la ruche. Mais comme il n’y a pas assez de nectar à butiner à l’exterieur et qu’elles n’ont plus beaucoup de réserves de l’année précédente pour se nourrir, elles sont en disette.» explique notre apiculteur qui est donc obligé de les nourrir artificiellement, soit avec des cadres de miel de l’année dernière soit avec du sirop de glucose.
Vérifier l’étiquetage des pots
Mathieu Hebert n’est pas insensible au dernier rapport de la commission européenne de mars 2023. Près de 50 % des miels importés dans l’Union seraient ainsi allongés à bas coût avec du sucre et parfois colorés. « Malheureusement, les apiculteurs ne peuvent pas faire grand-chose car les services de lutte contre la fraude manquent de moyens. C’est au consommateur à être vigilant et de vérifier sur l’étiquetage que le miel est bien récolté er mis en pot par le producteur. ».explique-t-il.
Miel de tilleul, bientôt IGP
La quarantaine d’apiculteurs professionnels régionaux se battent de leurs côtés pour gagner en qualité et notoriété. Il s’agit d’obtenir un label IGP (Indice Géographique Protégé) pour le miel de tilleul, mentholé et frais, très apprécié pour ses qualité gustatives par les restaurateurs et amateurs de miel. Cela fait plus de 20 ans qu’ils y travaillent. Mais depuis 2017, ils se font aider par le Groupement régional de la qualité alimentaire, pour défendre le dossier auprès de l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité) qui instruit en France les demandes de reconnaissance. « C’est grâce à eux qu’on a pu engager une nouvelle démarche, rédiger un cahier des charges clair et un plan de contrôle. » explique Mathieu Hebert, « Nous attendons maintenant la réponse de l’Union européenne pour 2024-2025. »
Fête du miel
En attendant cette reconnaissance, la première édition de la Fête du miel se déroulera le 8 octobre au Bazaar St-So de Lille : « Nous aimerions que cette fête se déroule tous les ans ou tous les 2 ans dans la région, que ce soit à grande ou petite échelle. Vente de miels, jeux, musique ... l’idée vient des apiculteurs d’Alsace.» Autant de manières pour valoriser les produits régionaux face aux miels importés frelatés.
Retrouvez ci-dessus le reportage au coeur de l’exploitation de Mathieu Hébert dans le podcast de Commune Planète Hauts-de-France «Les apiculteurs appellent à se méfier des miels importés » .
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