82 jeunes migrants ont été mis à l'abri durant l'hiver au sein de 14 paroisses de la métropole lilloise. Cet accueil vient de prendre fin, et seule la moitié d'entre eux sont accueillis chez des bénévoles, tandis que les autres se retrouvent à la rue. Utopia 56, l’association qui les accompagne, organisait un rassemblement à Lille ce lundi 15 avril pour tenter de trouver une solution auprès des pouvoirs publics. Rencontre avec Laura Buschmann, coordinatrice de l’antenne Utopia 56 à Lille
Quelles sont vos revendications ?
L’idée aujourd’hui, c’est de donner de la visibilité sur les mineurs non accompagnés. Ce sont des jeunes dont le recours a été refusé par le Département après une première évaluation. Ils sont donc en recours devant le juge des enfants pour faire valoir cette minorité. Ce recours dure en moyenne huit mois durant lesquels ils n’ont aucun accompagnement, ni droit. Ils sont en effet dans un flou juridique et ne sont reconnus ni comme mineurs ni comme majeurs. L’hiver dernier, 82 jeunes ont été hébergés par des bénévoles au sein de paroisses grâce à une convention qui s’est arrêtée aujourd’hui. On a pu trouver des solutions avec des citoyens et des bénévoles, mais ce n’est pas acceptable.
Que demandez-vous à la Région, à la Préfecture, à la Métropole ?
Il faut que ces personnes s’assoient autour d’une table, qu’ils arrêtent de se refiler la patate chaude, et s’entendent à propos de ces mineurs. Généralement, plus de 80 % d’entre eux sont reconnus mineurs par le juge des enfants et passent un an à la rue pour rien. Nous demandons aux institutions qui ont clairement le pouvoir, de trouver des solutions de le faire : de reconnaître la présomption de minorité et que les jeunes soient pris en charge et scolarisés pendant toute cette période de recours où le doute subsiste.
A compter de ce lundi 15 avril, ils ne sont plus abrités par les 14 paroisses de la métropole lilloise, où vont-ils aller ?
Certaines paroisses ont organisé par elle-même un accompagnement dans des familles qui continuent l’hébergement. Les autres seront installés dans un parc avec 25 autres jeunes qui sont déjà sous tente depuis janvier. Nous n’avons pas la place, mais nous allons quand même les installer là parce que nous n’avons pas le choix. On espère que ça va commencer à faire bouger les choses. C’est dans le quartier de Bois-Blanc, dans la Plaine des vachers.
De quelle manière allez-vous continuer à les suivre avec Utopia 56 ?
On travaille beaucoup sur l’urgence, la recherche de mise à l’abri, nourriture, vêtements, orientation, suivi social et accès aux soins. Nous faisons aussi beaucoup de plaidoyer pour faire bouger les institutions.
La majorité de ces jeunes a entre 16 et 18 ans, d’où viennent-ils et sont-ils scolarisés aujourd’hui ?
Ils viennent majoritairement de deux zones géographiques : l’Afrique de l’Ouest (Guinéen, Ivoirien, Malien…) et on a aussi beaucoup de Bangladais et un peu d’Afghans. Dans le Nord, c’est compliqué de les scolariser, heureusement nous avons un partenaire : le Centre de la réconciliation qui a une école alternative avec des professeurss bénévoles. Il s’agit de « l’Ecole sans frontières ». Les jeunes passent par cette école avant d’être scolarisés dans le privé puisque le public ne les accepte plus, contrairement à d’autres départements. Mais il y a des listes d’attente de plusieurs mois.
Comment ont réagi les jeunes quand ils ont su qu’ils allaient repartir à la rue ?
C’était vraiment très dur, surtout ces derniers jours quand ils ont compris qu’ils allaient retourner dans leurs tentes après avoir passé cinq mois à l’abri.
=> Retrouvez ci-dessus le podcast « Jeunes migrants à Lille : la mobilisation citoyenne s'organise », à la rencontre des éxilés, des représentants d'Utopia 56, des bénévoles et paroissiens et des élus écologistes de la ville et de la métropole, présents le 15 avril lors du rassemblement.
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