Depuis plus d’un an, la transition démographique est sortie du quasi-déni dans laquelle elle était enfermée. L’isolement des personnes âgées est devenu un sujet de préoccupation pour les citoyens comme pour les pouvoirs publics. C’est une nouvelle fois une crise sanitaire, après la terrible canicule de 2003, qui met brutalement un coup de projecteur sur les personnes âgées les plus fragilisées. Cette prise de conscience des failles de la prise en charge des aînés, et des conséquences délétères, tant physiques que psychiques, de la solitude et l’isolement, va inciter, en tout cas nous l’espérons, à trouver les solutions pour améliorer les conditions de vie des millions de Français les plus âgés.
Et nous allons être, avec une sortie de crise la plus proche possible, à l’heure des choix. Souhaitons-nous nous diriger vers des solutions qui vont intégrer la lutte contre l’isolement comme un service supplémentaire dans un catalogue de propositions visant à soutenir les personnes âgées dans leur quotidien ? Avec par exemple des plateformes d’accompagnement téléphonique au nombre variable d’heures d’appel en fonction de l’isolement plus ou moins prononcé de la personne. Souhaitons-nous vraiment proposer aux ainés de payer pour pouvoir avoir quelqu’un à qui parler ou bien pour recevoir une visite, au risque supplémentaire d’exclure les personnes âgées les plus modestes alors que ce sont pourtant les plus isolées ? Avons-nous envie de considérer que le lien social, qui est indispensable à nos vies, peut devenir simplement une marchandise ?
Les Petits Frères des Pauvres souhaitent eux encourager la solidarité car le risque de voir le lien social se transformer en un gigantesque marché est avéré. J’appelle les auditeurs à refuser ce modèle et à promouvoir l’engagement altruiste, seul rempart pour maintenir le lien avec les aînés. Nous parlons toujours aux Petits Frères des Pauvres d’échanges désintéressés, sans contrepartie, d’égal à égal. Je vais vous donner un exemple qui m’a fait chaud au cœur cette semaine.
Une de nos équipes vient d’accueillir une jeune bénévole, une étudiante, qui a été dans un EHPAD pour offrir aux résidents un concert. Simplement piano-voix, quelques grands classiques de la chanson française connus de tous, une résidente s’est mise à danser, le personnel a aidé d’autres résidents à esquisser à leur tour quelques pas de danse, il y a eu des discussions, des sourires. Bien sûr, nous n’avons pas tous un don artistique pour favoriser ces moments précieux de partage ! Mais la solidarité, c’est déjà, prendre le temps d’échanger quelques mots avec son voisin âgé, de proposer à la vieille dame qui habite la maison du bout de la rue et qui a du mal à marcher, de lui tenir le bras pour faire un tour de quartier et lui permettre de passer un moment agréable. Offrir un peu de son temps pour restaurer le lien social, ça n’a pas de prix !
Chaque semaine, RCF donne la parole à l'association Petits Frères des Pauvres.
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