A cette saison, dans les forets et les jardins nous rencontrons souvent des chenilles et, plus la saison avance, plus nous nous émerveillons devant des papillons. Nombreux savent que pour devenir papillon, il a fallu auparavant être chenille mais rares sont ceux qui savent par quelle incroyable phénomène ceci est advenu. C’est cette métamorphose que je veux vous raconter aujourd’hui.
Mais commençons par le commencement somme toute assez classique … Un papillon mâle rencontre une femelle et celle-ci va ensuite pondre des œufs. Vont éclore de ces œufs des chenilles qui vont produire, dès leur développement initial, des cellules dites « imaginales" qui ne leur sont d’aucune utilité à leur vie de chenille.
Vient un jour où la chenille se suspend pour former une chrysalide. Vous pouvez les voir sur de petites branches ou derrière des feuilles. C’est alors que les cellules imaginales vont se regrouper pour former des disques imaginaux qui déjà dessinent le schéma du futur papillon. Là où l’histoire me plaît beaucoup c’est que ces disques, pourtant directement issus de l’évolution de la chenille, sont d'abord considérés comme des corps étrangers par son système immunitaire qui va commencer par vouloir les détruire.
Mais petit à petit, au sein de cette enveloppe que nous pouvons voir, se joue un combat que vont systématiquement gagner les disques imaginaux en se multipliant et en se soudant les uns aux autres. Alors se décompose la chenille et le papillon peut achever son développement au sein de la chrysalide. Sans la disparition de l'une, pas d’apparition de l'autre.
En ces temps où chacun s’est trouvé confiné, la parabole de la chenille et du papillon mérite d’être mieux connue. Nos assignations à chrysalide ont-elles vu en nous apparaître des disques imaginaux esquissant le dessin d’un autre nous-même ? Et l'envie de réveiller cet autre qui peut-être était là depuis nos rêves d’enfants. Avons-nous résisté, habitués à ce que nous étions avant, confortablement chenille, tentant de faire taire ce qui, dans un premier temps nous est apparu comme bien aventureux, risqué, possiblement dangereux ? Ou avons-nous vu plus loin que le bout de notre chrysalide ? Qu’il pouvait y avoir dans le projet d’être papillon une élévation, une chance de voler plus loin, de découvrir un autre monde.
Et les autres ? Pour réussir dans ce devenir papillon, n’avons-nous pas besoin de nous rassembler avec ces autres, de nous souder, de nous entraider, coopérant pour finalement devenir le meilleur de nous-même.
Parce qu’on a envie de protéger ce qui est beau, quatre chroniqueurs se relaient pour livrer leur regard contemplatif sur la nature, sur l’homme, sur les relations des hommes avec la nature et entre eux. Ils proposent en alternance un billet ancré dans leur expérience personnelle de contemplation du monde.
- Christine Simon, auteure du livre "Par les rues - Vagabondages à Lille" (éd. L'Harmattan, 2016) et du blog Par rues et par vies
- François Mandil, écologiste, auteur du blog Les racines du Ciel
- Éric de Kermel, directeur de la rédaction de Terre sauvage et écrivain
- Sœur Anne, moniale cistercienne de l'abbaye Sainte-Marie de Boulaur
"Contemplation" est une chronique de l'émission Commune Planète, l'émission de RCF sur l'écologie
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !