À la maison d'arrêt de Nanterre. C'est avec "un petit sentiment de victoire" que Ludovic-Hermann Wanda revient en prison. "Je ne reviens pas avec les menottes mais plutôt avec une forme de laurier d'autant plus que je vais essayer de contribuer à aider d'autres qui passent actuellement par la case prison à s'en émanciper et éventuellement à suivre mes traces." L'auteur de "Prisons" (éd. L'Antilope) vient participer à un atelier lecture et écriture proposé aux détenus et organisé par l'association Lire pour en sortir.
Présente notamment à la Maison d'arrêt des Hauts-de-Seine, l'association Lire pour en sortir "place la lecture, la littérature et l'expression au cœur du bien-être et du projet de réinsertion des personnes détenues", comme l'explique Marie-Pierre Lacabarats, la directrice générale de l'association.
"Se faire plaisir avec les mots, avec l'écriture, avec la lecture", c'est ce qui est au cœur d'un atelier de littérature, comme l'explique Cécile de Ram. Elle enseigne à la maison d'arrêt de Nanterre depuis d'une quinzaine d'années et a d'ailleurs raconté son expérience dans un ouvrage "L'école en prison, une porte de sortie" (éd. du Rocher, 2017), co-écrit avec Sylvie Paré. Pour elle, il s'agit d'"utiliser le livre comme objet culturel pour un point de départ vers l'écriture".
Incarcéré à 20 ans pour trafic de drogue, Ludovic-Hermann Wanda est aujourd'hui écrivain et formateur en maîtrise du verbe. "C'est en prison que j'ai pu me libérer, en accédant au verbe je me suis libéré du ouaich ouaich, de l'impulsivité et je me suis plus largement libéré de toute une psychologie qu'on appelle la racaille attitude." Il est aussi diplômé en mathématiques et en philosophie.
L'auteur de "Prisons" résume ainsi son ouvrage : "c'est l'histoire d'une double crise d'adolescence". D'un côté, Marianne, la république, qui est un personnage du roman. Elle observe la crise d'adolescence de la Ve République. Et "se demande si la fraternité qu'elle est censée incarnée est viable au vu des tensions interethniques, interreligieuses, intersociales, intergénérationnelles..." L'autre crise d'adolescence, c'est celle de Frédéric, un jeune homme issu de l'immigration qui "se demande s'il doit rester ce que la rue a voulu qu'il soit ou est-ce qu'il doit s'en émanciper pour devenir ce que son talent propre peut lui permettre de devenir"...
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