Cette semaine, Véronique Brossier nous emmène au Pérou dans un lieu spécial “La maison du jeu” créé pour les familles par le partenaire local du BICE, le Cedapp :
C’est un lieu incroyable. implanté dans un quartier très défavorisé de la région de Huaycan près de Lima. Les familles y vivent dans la pauvreté ou l’extrême pauvreté, certaines se sont installés là-bas après avoir quitté leur maison en raison du conflit armé interne. Les routes sont en terre ; la plupart des maisons sont construites de manière précaire. L’accès à l’électricité et à l’eau est limité. Dans ce quartier, où la vie est dure, et les agressions nombreuses, la maison du jeu est un espace à part, un lieu apaisé.
Dédiée aux familles, elle a pour vocation de lutter contre toutes les formes de violence. Dans ce quartier, la violence est partout, dans les rues, mais aussi au sein des foyers. Un travail important auprès des parents y est donc mené. Ils sont accompagnés par des psychologues lors de séances individuelles, et de manière plus informelle dans l’espace de jeux. Le développement de l’enfant est aussi favorisé par des activités adaptées et la parentalité bienveillante est encouragée.
Témoignage de Mariela, parent isolé et accompagné :
Mariela, par exemple, s’y rend tous les jeudis après-midi avec ses filles de 2 et 11 ans. Elle s’y sent écoutée, conseillée. Elle apprécie aussi de pouvoir partager ses problèmes avec d’autres mamans. « C’est pour mes filles et moi un vrai moment de détente. Ici, nous déposons tous nos problèmes. Nous jouons ensemble. Je parle aussi des choses qui m’inquiètent, ce qui m’aide à mieux penser », nous a-t-elle confié.
Mariela nous a dit avoir changé dans son rapport avec sa fille ainée. Je la cite : « Gianella pleure très facilement, pour la moindre contrariété. J’avais l’habitude de mal réagir, je lui criais dessus, sortais la ceinture. Pour les devoirs, c’était pareil. Je lui faisais tellement peur qu’elle ne voulait plus étudier. Mon mari m’a dit que j’étais trop stricte, peu patiente. Et moi, je voyais bien que je faisais comme mes parents, mais je ne pouvais pas me contrôler. Aujourd’hui, j’ai pris conscience que je ne voulais pas la même chose pour mes filles et j’arrive à être plus calme, plus positive. »
Sa fille aînée Gianella est plus calme et se confie désormais plus à elle . « Avant, elle ne me parlait pas ; je pense que c'était parce que j'étais très en colère », nous a dit Mariela. Gianella a également un peu amélioré ses notes ; joue davantage avec ses amies et se bagarre moins.
Silei sa fille cadette avait un an quand sa maman l’a emmenée pour la première fois dans la maison du jeu. Là-bas, elle peut s’amuser avec d’autres enfants, mais aussi avec sa maman et sa sœur. Mariela est étonnée de tous les progrès qu’elle a fait d’un point de vue psychomoteur et relationnel. Elle nous dit aussi partager plus de temps de jeux avec sa fille. Je la cite pour finir : « Ce lieu a changé nos vies. Mes filles le réclament chaque semaine. Gianella l’appelle d’ailleurs « La maison du bonheur ».
Véronique Brossier raconte la vie des enfants du monde.
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