Ecoute-t-on vraiment les jeunes dans notre société? L'approche des élections présidentielle est l'occasion de pointer du doigt une réalité criante que les observateurs - journalistes, sociologues, essayistes et jeunes eux-mêmes - confirment comme d'une seule voix. Antoine Peillon, qui publie "Voter, c'est abdiquer" (éd. Don Quichotte) parle de "jeunesse maltraitée" dans notre pays. "Une République, une France, qui ne se tourne pas vers sa jeunesse est une République, une France, qui meurt."
"La jeunesse, un problème phénoménal de notre société", considère Antoine Peillon. L'essayiste parle de jeunesse "trahie, méprisée, exploitée, maltraitée..." et pour les moins formés de "jeunes martyrisés". Les mots sont forts, douloureux à entendre si l'on se penche sur les chiffres qui les confirment. Aujourd'hui, 9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en France, parmi elles des familles et des jeunes. Or l'Éducation nationale ne parvient pas à enrayer les inégalités sociales. Chaque année, 100.000 jeunes sortent sans qualification de l'école.
Écart culturel entre générations? Crise des institutions? Faillite de notre système social? D'un côté, on a une jeunesse bac + 5 ou bac + 6 qui "multiplie les expériences à l'étranger et qui ne trouve au mieux que des CDD", explique Antoine Peillon. Une jeunesse qui n'est pas - et pour cause - intégrée à la société. "Sur l'emploi on nous avait promis qu'on bénéficierait du papy boom, or on n'a jamais eu autant de chômage chez les jeunes de précarité", confirme Mathias Thépot. Lui aussi parle de "jeunesse trahie". Trahie car selon lui "notre jeunesse a du mal à penser, on a du mal à prendre du recul, on est pris par le court terme". Il signe avec Thomas Golovodas "Manifeste d'une jeunesse trahie" (éd. Bayard). Un livre "en réaction à l'absence d'idéal social et humaniste", contre ce "cynisme ambiant et ce pragmatisme".
D'un autre côté, les jeunes issus de familles modestes sont "sans avenir" car notre système de minima sociaux est en faillite, soutient Antoine Peillon. C'est aux structures associatives que revient le soin d'aider les familles en difficulté. Les Apprentis d'Auteuil accompagnent 26.000 jeunes et 5.000 familles. Début mars l'association publie "Prendre le parti des jeunes" (éd. L'Atelier / Apprentis d'Auteuil). Un ouvrage qui donne la parole aux jeunes - parce qu'ils ont des choses à dire.
Chez les jeunes c'est l'abstention qui est la plus forte, mais aussi vote populiste, et notamment FN. Une abstention "non pas d'infifférence, mais politique", pour Antoine Peillon. Quant au vote FN, il est chez les jeunes un "cri d'angoisse et de désespoir", plus qu'un vote de rejet "xénophobe et raciste".
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