Focus sur l’élargissement du diagnostic pré-implantatoire et sur la GPA avec le père Bruno Saintôt, jésuite, directeur du départements d’études biomédicales du Centre Sèvres.
Si on peut trier, pourquoi ne trie-t-on pas ? Que trier ? Jusqu’où ? Et selon quels critères ? Voici les questions que soulève l’élargissement du diagnostic pré-implantatoire, prévu par la nouvelle loi de bioéthique. Pour rappel, le diagnostic pré-implantatoire est une technique qui consiste à effectuer un examen génétique sur des embryons, qu’ils soient frais ou décongelés, avant de les implanter dans l’utérus d’une femme.
On comprend assez vite que derrière ce diagnostic, se cachent de véritables questions éthiques. Le choix du sexe, de la couleur des yeux, des cheveux etc. Est-ce vraiment de l’eugénisme ? "La question de l’eugénisme se pose, mais pas dans le cas du diagnostic pré-implantatoire. Elle se pose sur le diagnostic pré-natal non invasif. On prélève du sang maternel dans lequel il y a des cellules de l’embryon, que l’on peut analyser" explique le père Bruno Saintôt.
La nouvelle loi de bioéthique ne dit rien sur la question du diagnostic pré-natal non invasif. Il est possible de le faire dans des cliniques privées, en-dehors de toute structure gouvernementale. "Je pense que sur ce diagnostic-là, il y a vraiment un risque d’eugénisme libéral" ajoute le directeur du département d’études biomédicales du Centre Sèvres.
Il y a un autre sujet dont ne parle pas la nouvelle loi de bioéthique, puisqu’il n’est pas officiellement à l’ordre du jour en France, mais qui pourtant est sur toutes les lèvres, c’est la gestation pour autrui (GPA). Le jour même du vote de cette loi, un édito de Libération appelait à la légalisation de la GPA au nom de l’égalité entre les couples masculins et féminins.
Cette GPA fait aujourd’hui l’objet d’un marché à l’étranger. 150.000 € pour un enfant aux Etats-Unis. 20.000 € pour un enfant en Inde. Voici les chiffres que l’on voit ici et là. Pour le père Bruno Saintôt, "il n’y a pas de GPA éthique". Même s’il admet que la question est débattue chez les éthiciens. "C’est une instrumentalisation de l’enfant puisqu’il y a un contrat d’abandon, avec des finances. On fait cela pour une contrepartie financière. Il est vraiment important de parler de ligne rouge" lance-t-il.
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