Lille
Le département du Nord a adopté un budget 2024 contraint par l'inflation et la baisse des recettes. Nous faisons le point sur les arbitrages budgétaires votés par le conseil départemental.
3,884 milliards d'euros, voilà ce que devait répartir l'exécutif départemental avec comme priorité "protéger les nordistes" insiste le président Christian Poiret. Cette année encore il a dû composer avec des dépenses contraintes en hausse et une baisse des recettes : 123 millions d'euros de moins pour les taxes sur les ventes immobilières.
Les solidarités représentent encore 75% du budget du département. Avec comme plus gros volet de dépenses le retour à l'emploi et l'insertion : 678,9 millions d'euros. Mais les dépenses liées au RSA sont en baisse de 28 millions d'euros. "On a baissé le nombre d'allocataires et nous pouvons encore le faire. 3000 personnes au RSA pourraient plutôt bénéficier de leur retraite" avance le président du département. Il espère dégager de nouvelles marges budgétaires pour l'an prochain. Si l'opposition se félicite également de ces chiffres, elle émet quelques réserves : "nous aimerions savoir si les Nordistes retrouvent un emploi durable. Il ne suffit pas de faire baisser le nombre d'allocataires pour réduire la précarité" avertit le président du groupe socialiste Didier Manier.
Plusieurs secteurs voient leurs enveloppes se réduire. 17% de moins pour la culture par exemple. Avec une réduction des ressources du réseau de développement culturel rural. "Je m'étonne que les élus de la majorité des cantons ruraux laissent passer cela" ironise l'écologiste Céline Scavennec lors des débats. De son côté Christian Poiret assume les arbitrages : "Ces décisions ne font plaisir à personne mais les baisses de dépenses n'impacteront pas nos concitoyens les plus fragiles." L'environnement fait aussi les frais des arbitrages de l'exécutif départemental.
[Budget 2024 - Culture] Malgré des objectifs annoncés en 2017, le @departement59 :
— Groupe Écologiste EÉLV-Génération.s au Dép59 (@EcoloNord) March 26, 2024
- réduit de moitié les ressources du Réseau de développement culturel en milieu rural ;
- supprime le réseau d'insertion par la culture ;
- divise le budget médiathèque départementale par 2.
[1/2] pic.twitter.com/IxaqvMQHF8
Sur l'épineuse question de l'aide sociale à l'enfance, le département met en avant un budget en hausse : 47,2 millions d'euros supplémentaires. Pourtant, 248 enfants sont toujours non placés. "Cela ne nous satisfait pas mais nous n'avons pas les moyens d'ouvrir de nouvelles places" balaye Christian Poiret. Tout en insistant sur la hausse impressionnante du nombre d'enfants confiée à l'aide sociale (ASE) ces dernières années. Il demande une prise en charge conjointe avec l'Etat. "On se demande si cette soudaine prise de conscience n'est pas liée à l'enquête de la Défenseure des droits" s'interroge Didier Manier. Les résultats de cette enquête ouverte en 2022 doivent être présentés cette année.
Le budget reste cependant suspendu aux prochaines décisions du gouvernement. Notamment budgétaires. Le 9 avril, le ministre de l'économie, Bruno Le Maire, doit réunir les représentants des collectivités locales pour "envisager de nouvelles économies". Christian Poiret craint de voir sa dotation baisser à nouveau, victime des mesures d'austérité. "L'Etat a besoin de nous ! Il en va de la cohésion nationale. On a besoin de protéger les Nordistes les plus fragiles. Sinon ce sera le retour des émeutes" met-il en garde.
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