Jacques Galloy (directeur bénévole d'1RCF et administrateur de Maradio.be) a participé au Digital Radio Day le 12 mars dernier. Un grand rendez-vous des médias du paysage radiophonique belge. Dans une perspective de numérisation, de développement du DAB+ et de disparition de la FM d'ici à 2030, quel est le potentiel du média radio en Belgique aujourd'hui ?
C'est la première fois dans l'histoire de la radio en Belgique, et même sur le continent européen, que toutes les radios publiques et privées se sont unies dans un projet coopératif qui vise à développer l'audience numérique du média sur toutes les plateformes numériques. A l’heure où les grands groupes américains prennent de plus en plus de place sur les smartphones, il est important de développer une culture radiophonique en protégeant cet écosystème qui alimente et représente l’un des médias les plus importants en Belgique francophone.
Il y a eu beaucoup d'intervenants (une trentaine) et une centaine de participants. Le premier enseignement, c'est que l'écoute numérique de la radio progresse de manière continue et forte. Les gens écoutent de plus en plus la radio en DAB+, et par internet.
En 2018, 2 personnes sur 10 écoutaient la radio numérique, donc en DAB+, ou par internet. En 2023, l'étude IPSOS qui a été réalisée pour Maradio.be explique que les chiffres ont doublé. Il n'y a plus que la moitié de la population qui écoute la radio en FM. Nous vivons donc une période de bascule.
Dans le monde digital, comme le DAB+, on mutualise, on crée une synergie (1 antenne pour 12 radios), c'est beaucoup plus écologique. D’autre part, le digital permet de multiplier l'offre de radio. Dit autrement, en FM, le spectre est limité. Le digital permet de multiplier l’offre des radios par un facteur 2 à 3. Les émetteurs DAB+, ont maintenant une diffusion hybride (FM et DAB). Deux tiers des radios indépendantes locales diffusent en DAB+.
En 2023, il n'y a plus que 50% de la population qui écoute la radio en FM.
Le gouvernement et les pouvoirs publics accompagnent cette transition. Les ministres des médias flamands et francophones (Bénédicte Linard et Benjamin Dalle) étaient présents au Digital Radio Day.
Ils ont entendu la demande du secteur favorable à l'extinction de la FM d’ici à 2030. Les politiques sont prêts à accompagner ce mouvement. Mais ce n'est pas nouveau, ça fait déjà quelques années que les gouvernements francophones et flamands accompagnent cette migration - notamment par des subventions pour les “petites radios” pour assurer leur transition. Les grandes radios, généralement, ont beaucoup plus de moyens financiers.
La radio est écoutée principalement le matin entre 6h et 9h, et puis un peu moins, mais de manière régulière tout au long de la journée. La radio est écoutée principalement à domicile, dans les maisons, en grande partie (60%), et la radio est également écoutée dans les voitures à hauteur de 20%, et au travail pour 20% également.
Les Big Tech, ce sont les grandes plateformes, principalement les réseaux sociaux pour les nommer ainsi, qui captent une grande partie de l'audience. C'est très dur pour la presse écrite qui souffre énormément de la concurrence d'internet. La télévision classique résiste encore par rapport au temps passé sur les réseaux sociaux, mais on voit de plus en plus de vidéos apparaître sur les réseaux sociaux et des grands réseaux comme YouTube. Les big tech sont très fortes dans la diffusion de musique. Mais vous ne trouverez pas d’émissions d’actualité, d'émissions de débats, de contenus, dans l’offre de ces plateformes.
Le ministre flamand des médias l'expliquait : aujourd'hui, 40% de la publicité est absorbée par les réseaux sociaux. C'était 0% il y a 20 ans, 40% aujourd'hui. Et d’ici à 2030, ce sera 60%. Ça veut dire que l'argent qu'il nourrit l'écosystème des radios en Belgique est en train de migrer.
Aujourd'hui, 40% de la publicité est absorbée par les réseaux sociaux. D'ici à 2030, ce sera 60% !
Ils sont présents pour accompagner le secteur dans cette transmission numérique avec trois enjeux.
Le premier, c'est qu'ils veulent que le média défende la démocratie ; le deuxième critère, c'est la diversité culturelle ; et puis enfin, c'est le pluralisme. Le pluralisme, c'est assurer que les courants de pensée ont droit d'expression. Les ministres ont rappelé que la radio était l'un des médias préférés des Belges. Ils ont tous les deux plaidé pour accompagner la décision de l'arrêt de la FM en 2030. En Belgique francophone, deux tiers des radios locales sont passées en DAB+. La Flandre a résolu ça de manière différente. C'est-à-dire que la Flandre ne propose pas de radios locales en DAB+, mais des radios provinciales qui couvrent une zone plus importante.
Il faut surtout que les médias mettent toute leur énergie dans cette transition vers le numérique.
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