Cette année, près de la moitié des collèges et lycées de France métropolitaine manque en moyenne d’au moins un enseignant dans 48%. Une fois de plus ces chiffres du Snes-FSU montrent une désaffection générale pour le métier de professeur. Dominique Resch, lui, veut prouver le contraire. Enseignant pendant trente ans dans les quartiers Nord de Marseille, il affirme que le métier de professeur est « le plus beau métier du monde ». C’est d’ailleurs le titre d’une BD qu’il vient de publier aux éditions Vuibert.
Pour la toute première fois de sa vie, Dominique Resch n’a pas repris le chemin de l’école en cette rentrée scolaire. Après avoir enseigné pendant plus de trente ans dans les tristement célèbres quartiers Nord de Marseille, il entame une retraite bien méritée. « C’est un peu bizarre mais agréable », sourit celui qui a toujours connu les bancs de l’école, ayant lui-même été fils de professeur. « C’est vraiment le plus beau métier. Toute ma vie j’ai recherché cette ambiance-là ».
Après des expériences dans des établissements de Lille et de Nice, c’est dans un lycée professionnel du quartier de La Castellane (le même que Zinedine Zidane) que le professeur de français, histoire, géographie et éducation civique et morale, a posé son cartable. Même s’il admet avoir été « un peu perdu au début », car n’ayant ni les codes ni le langage des quartiers, l’enseignant a vite compris qu’il ne quitterait pas cette « zone de droit, au cœur d’une zone de non-droit ». Le lycée Saint-Henri étant situé juste en face d’un des principaux points de drogues.
Rapidement, le professeur a vite trouvé « vraiment passionnant et utile » cet enseignement auprès des jeunes du quartier, mais aussi auprès des nombreux immigrés clandestins accueillis dans l’établissement. Le contact avec eux est « extraordinaire parce qu’ils ont vraiment tout vécu, [ils ont traversé l’Afrique, la Méditerranée dans des conditions épouvantables] et ils ont besoin de chaleur humaine », explique-t-il.
Dominique Resch ne cache pas son émotion lorsqu’il évoque le parcours de certains élèves. « J’ai été parfois bouleversé et même parfois plus que ça. Des fois on est devant un mur, on a des élèves dans la rue et on a qu’une envie c’est d’en prendre un pour qu’il mange bien et qu’il dorme dans un bon lit, ne serait-ce qu’une seule fois. Mais si on commence à faire ça, on est vite submergé, ce n’est pas notre rôle », souffle-t-il. C’est au sein du lycée, en leur apprenant le français et en leur donnant une chance, qu’il les aidait finalement le mieux.
Bien sûr, tout n’est pas toujours tout rose et parfois le professeur se transforme en éducateur. En particulier lorsqu’il s’agit de faire de la prévention, pour éviter que les jeunes ne tombent dans le trafic de drogues. Malgré tout, il appelle à « arrêter avec les idées préconçues. Prof dans un lycée professionnel avec soi-disant des mauvais élèves, dans un quartier difficile, ça paraît être l’enfer mais pas du tout. On n’imagine pas ce qui se passe de bien dans ces quartiers-là », affirme-t-il.
Et bien qu’il garde de très bons souvenirs de ses années passées dans cet établissement, le désormais retraité convient que les méthodes de répartition de l’Education nationale ne sont pas idéales. « Il faudrait au moins que ce soit sur la base du volontariat. On devrait envoyer des gens aguerris dans ces coins-là. Ce n’est pas à 24 ans qu’on peut aller parler à des jeunes qui veulent en découdre. Par contre, quand on a 40 ans, on a une maturité qui fait qu’avec un peu d’expérience et de plomb dans la cervelle, on peut se débrouiller », assure-t-il. Dominique Resch a d’ailleurs fait tout un livre sur l’attitude à adopter devant des jeunes quartiers en classe : « La tactique de la craie », publié aux éditions Autrement.
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