Elle a beau être inscrite dans notre devise, la fraternité est "le parent pauvre du triptyque républicain". À l'approche de l'élection présidentielle, des associations et des penseurs s'associent pour interpeller les politiques et remettre la fraternité au cœur débat. Dans une société ultra libérale où les inégalités s'accroissent, notre État devrait être au service de la fraternité, véritable point de repère selon lequel ajuster la liberté et d'égalité.
La fraternité peut-elle être un programme politique ? Inscrite dans notre devise, elle est cependant "le parent pauvre du triptyque républicain", selon Antoine Arjakovsky. Si on parle souvent d’égalité et de liberté, la fraternité semble être mise de côté. On l’a vu avec les Gilets jaunes ou même la crise actuelle liée à la pandémie de Covid-19 : les inégalités se creusent. Il y a même "un problème structurel" dans notre société.
Pour ne pas passer à côté "d’un événement aussi important que les élections présidentielles et législatives" et pour "orienter le débat public", le Collège des Bernardins a réuni il y a deux ans une trentaine de personnes - fonctionnaires, avocats, historiens, théologiens, universitaires... - pour travailler sur la question : comment rendre une société plus juste ? Un long travail qui s'achèvera le 29 janvier prochain, avec un colloque gratuit sur le thème "Comment construire un monde plus juste et plus fraternel ?" Le fruit de ces réflexions a déjà été publié sous le titre "Votez Fraternité - Trente propositions pour une société plus juste' (éd. Hermann). Un ouvrage dirigé par Jean-Baptiste Arnaud et Antoine Arjakovsky, historien et éditorialiste sur RCF, codirecteur du département Politique et religions au Collège des Bernardins.
"Il faut repenser l’État : l’État doit se penser comme au service de la fraternité." Ainsi Antoine Arjakovsky résume-t-il la conclusion de ces deux années de réflexion. "L’État ne doit pas être libéral, ni ultra libéral avec toutes les conséquences dramatiques, y compris écologiques. Il ne doit pas non plus être ni un État communiste, sans classe, qui a abouti aussi à des horreurs au XXe siècle. L’État doit se penser avec un horizon humaniste au service de la fraternité." C’est un véritable "changement de paradigme" qui est proposé. Où la fraternité est ce qui doit "équilibrer" les notions de liberté et d’égalité.
Cela fait des années que l’association appelle à une "révolution fraternelle". Et cette année électorale, le Secours catholique s’engage dans la campagne présidentielle. "Le Secours catholique a tout à fait son rôle politique à jouer au sein de notre société", affirme Véronique Devise, sa présidente depuis le mois de juin 2021.
Il ne s’agit pas de politique partisane. "Nous avons décidé pour la présidentielle de prendre le parti de la fraternité." Les membres du Secours catholique iront à la rencontre des politiques, des candidats et des élus. Leur objectif : "Remettre au cœur du débat les personnes les plus fragiles."
Le Secours catholique accueille chaque année 1.500.000 personnes en situation de grande pauvreté. "Et la première demande qui est faite, c’est l’écoute, les personnes ont besoin d’être accueillies, traitées comme des êtres humains", explique Véronique Devise. Dans une société où les services publics sont de plus en plus numérisés, où tout se passe derrière un écran, "il n’y a plus personne au bout du fil". Et la dimension humaine des échanges s’étiole...
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
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