La finale de la coupe du monde de Rugby ayant lieu demain, Franck Mesnel, ancien joueur et cofondateur de la marque Eden Park, était l'évidence même pour notre série de visages d'entrepreneurs. Des pelouses vertes aux podiums de la mode, il retrace son parcours de sportif et de chef d’entreprise au micro de RCF.
S'il maniait le ballon avec dextérité sur le terrain, Franck Mesnel sait aussi se servir d’un crayon. D’abord promis à une carrière d’architecte, il opte finalement pour le monde du sport puis de la mode et fonde sa marque en 1987. Avec Eden Park, Franck Mesnel et Eric Blanc veulent "troubler les frontières entre le sport et la mode" et mêler le sport "terreux et viril" qu’est le rugby à l’univers du chic parisien.
Son passé de sportif lui a appris à composer avec les coups durs. Dans des bureaux "réaménagés de manière à pouvoir regrouper toutes les équipes", Franck Mesnel n’hésite pas à mettre la main à la pâte : "dans mon entreprise je suis capitaine, mais je fais tout pour montrer que je ne suis pas sur mon piédestal". Les valeurs du rugby que lui ont inculqué ses années de grand sportif au Racing Club ont laissé leur marque à l’entrepreneur, qui en a gardé notamment "le goût de l’effort". Pour lui, "le mot travail n’est pas un gros mot". Ni les mots "compétition et concurrence", qui prennent leur sens aussi bien dans le domaine sportif qu'entrepreneurial. Dans ses équipes d’Eden Park, Franck Mesnel veille à ce que "chacun soit reconnu pour sa propre valeur", comme il a pu en faire l’expérience lors de ses années de rugbymen.
L’aventure débute il y a près de 35 ans. En 1985, des membres du Racing Club - bientôt vice-championne du monde - ont l’idée du fameux nœud papillon rose pour "illustrer l’état d’esprit de l'équipe, un esprit potache et irrévérent". Rapidement, grâce à la réputation de l’équipe et au relais médiatique, le nœud papillon devient un emblème. "On avait tous 27 ans, on voulait faire un truc", se souvient Franck Mesnel. Ce "truc" devient Eden Park, une marque à l’ADN fort, au croisement d’influences venues de Lacoste ou de Ralph Lauren.
"On a le sentiment que la marque s’est imposée assez rapidement, qu’elle a permis aux hommes d’affaires de se dire que le casual chic est possible". Le nœud papillon rose est à l’origine d’une marque dont le chiffre d’affaires s’élève à 75 millions d’euros en 2022 et qui cumule 700 points de vente à travers le monde. "En 2015, on s’est projeté avec les équipes quand on a su que la France allait pouvoir accueillir la coupe du monde". L’occasion de supporter l'Hexagone, dans tous les sens du terme, puisque Eden Park souhaite se "franciser".
Si "le made in France n’est pas forcément [s]on cheval de bataille", Franck Mesnel souhaite "contrôler la chaîne de production". Estimant que l’on "ne peut pas révolutionner les choses d’un coup", il place son espérance dans la tech qui est selon lui la solution pour équilibrer le besoin de fabriquer à coûts moindres et contribuer à la responsabilité sociale et environnementale. "A Eden Park, on choisit en fonction de la qualité plus qu’en fonction des lieux et des coûts". Une qualité qui pourra se vérifier lors des JO 2024, puisque l’entreprise a décidé de "plonger immédiatement sur cet événement plutôt parisien".
Quand on demande à Franck Mesnel ce qu’est pour lui le bonheur au travail, il rétorque : "je ne crois pas au foutoir organisé. Il faut être très rigoureux dans son travail pour pouvoir se dégager du temps. Et aujourd’hui, je suis davantage regardant sur les résultats que les moyens. Chacun a sa méthode, il faut laisser de la souplesse".
Parallèlement à son travail, Franck Mesnel s’engage, notamment en faveur de l’éducation. "J’aimerais tellement aujourd’hui que la France arrive à un niveau supérieur et soit un peu plus exemplaire", avance-t-il. L’intervenant, fort de ses années de rugby, est persuadé que "peu importe nos univers, si on a un objectif commun on peut y arriver". Quand il propose à l’éducation nationale, il y a quelques années, de créer une école qui mélangerait les enfants de différentes origines sociales, on lui répond que ce projet n’a pas sa place. C’est donc à Madagascar qu’il décide de créer une école : "ce manque d’ouverture d’esprit en France m’a agacé". L’établissement accueille une centaine d'élèves et Franck Mesnel espère que, à son échelle, cela aidera les habitants de l’île.
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