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Le travail frontalier : le débat est ouvert !

Le travail frontalier : le débat est ouvert !

Un article rédigé par Michaël Dégardin - RCF Jura, le 31 janvier 2025 - Modifié le 31 janvier 2025
FocusLe travail transfrontalier : le débat est ouvert !

Le phénomène du travail transfrontalier entre la France et la Suisse soulève des débats. Entre augmentation du pouvoir d'achat pour les salariés et perte de compétitivité pour les entreprises françaises, de nombreux aspects d'encadrement sont à discuter. Discussions entre un représentant du monde économique et un élu local.

Le pont du Mont-Blanc à Genève, emprunté quotidiennement par des travailleurs frontaliersLe pont du Mont-Blanc à Genève, emprunté quotidiennement par des travailleurs frontaliers

Emmanuel Viellard, président du syndicat patronal MEDEF en Franche-Comté, pointe du doigt plusieurs problématiques majeures. Tout d'abord, il dénonce l'utilisation des fonds publics pour financer des infrastructures qui selon lui, "favorisent principalement le travail en Suisse au détriment des entreprises françaises". Il évoque des préoccupations concernant les systèmes d'assurance sociale. Sur l'assurance chômage, il souligne que les entreprises françaises supportent une charge importante des cotisations, alors qu'une partie des travailleurs frontaliers, bien que cotisant en France, bénéficient de salaires suisses plus élevés qui impactent leurs indemnités en cas de chômage.

Au sujet de l'assurance maladie, Emmanuel Viellard met en cause le système de protection sociale tricolore qui, selon lui, supporte des coûts significatifs pour des travailleurs qui exercent en Suisse, "créant ainsi un déséquilibre dans le financement du système de santé national". Enfin, le président du MEDEF cite, dans un autre domaine, l'exemple d'une augmentation de la taxe transport ayant coûté 880 000 euros à son entreprise, pour financer en partie la réouverture de la ligne SNCF Belfort-Delle, une ligne sous-exploitée car les horaires ne sont pas adaptés aux travailleurs français.

Emmanuel Viellard souligne également le fait que les entreprises françaises, déjà les plus taxées au monde, se retrouvent à financer des infrastructures, spécialement de transport, qui servent à faciliter l'accès au marché du travail suisse. Cette situation crée un cercle vicieux qui fragilise encore davantage le tissu économique local français.

J'apporte sur la table un milliard d'euros d'économies possible. E. Viellard

Un équilibre nécessaire

Le maire de Prémanon dans le haut-Jura Nolwenn Marchand apporte une perspective différente, basée sur sa fonction d'élu local. Il souligne que le travail frontalier représente aujourd'hui un moteur économique essentiel pour les communes frontalières, avec environ 50% de la population active travaillant en Suisse dans certaines zones. L'édile insiste sur le fait que les travailleurs frontaliers contribuent activement à la vie locale : ils participent aux associations, maintiennent le dynamisme du village et, grâce à leurs revenus, soutiennent l'économie locale. Il note par ailleurs que ces travailleurs, malgré des salaires plus élevés, font face à des coûts de vie importants, notamment en matière de logement.

On a quasiment doublé la population à Prémanon en 25 ans et c'est évidemment une part importante de travailleurs frontaliers qui sont venus s'installer chez nous

Un point de convergence entre les deux positions concerne la nécessité de gérer efficacement les flux de travailleurs. Nolwenn Marchand souligne l'importance de trouver des solutions aux problèmes de mobilité, surtout en raison des enjeux environnementaux (60% des émissions de gaz à effet de serre dans la région étant liées aux transports) et de sécurité routière. Cependant, pour Emmanuel Viellard, les solutions actuelles, telles que les infrastructures ferroviaires, ne semblent pas toujours adaptées aux besoins réels, avec des horaires peu pratiques et une utilisation limitée des services mis en place.

© Pixabay
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Focus
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