Il y a tout juste 20 ans, en novembre 2001, Jim O’Neil, créait l'acronyme BRIC pour désigner cet ensemble composé de 4 pays : Brésil, Russie, Inde et Chine.
La Russie venait de rejoindre le G7. La Chine s’apprêtait à intégrer l'organisation mondiale du commerce. Et les États-Unis étaient secoués par le 11 septembre. Ces événements laissaient penser que le moteur de l'économie mondiale aller se déplacer vers ce que l'on appelait encore le tiers monde.
Pendant la décennie des années 2000, la croissance économique des BRIC a été spectaculaire, autour de 10% annuellement. Leur poids dans l'économie mondiale a doublé, pour atteindre, a eu seul, 26% de la production industrielle globale en 2011. Ces chiffres traduisent une amélioration radicale des conditions de vie. En Inde par exemple, l'espérance de vie est passée de 62 à 67 ans, une progression spectaculaire, portée par l’accès au soin et l’alimentation notamment.
Il y a d’une part l’apparition des nouvelles technologies de communication. Internet a permis de mondialiser la production. Il y a également l’abandon des stratégies de développement qui cherchaient à reproduire la même séquence que les pays riches en développant l’agriculture, puis l'industrie, puis les services.
Les crises monétaires des années 80 et 90 ont poussés les pays pauvres à exporter plus, afin d’avoir des devises pour rembourser leur dette. Ils ont misé sur ce qu’ils maitrisaient le mieux, leurs avantages comparatifs. La Chine a ainsi mobilisé sa main d’œuvre dans l’industrie et l’Inde a mis en avant sa jeunesse anglophone et diplômée pour développer les services informatiques.
Dans les années 2010 ces 4 pays ont évolué en ordre dispersé, et l’on ne voit plus trop ce qui les réunit aujourd’hui. À partir de la crise financière de 2008 le poids des échanges dans la production mondiale a cessé d'augmenter. La mondialisation n’est donc plus un moteur de croissance.
Le Brésil et la Russie avaient beaucoup misé sur les matières premières (respectivement agricoles et énergétique). Ils ont vu leurs revenus s'effondrer avec le retournement des cours mondiaux et des millions de personnes sont retombés dans la pauvreté. L'Inde continue à croître rapidement ; mais elle n’a pas réduit ses fractures sociales si bien que 15% de la population souffre toujours de malnutrition.
À l'inverse, la Chine a poursuivi une dynamique de croissance spectaculaire, rattrapant puis dépassant les pays industrialisés dans de nombreux secteurs. Mais contrairement à ce que l’on prévoyait il y a 20 ans, l’ouverture économique ne s’est pas accompagnée d’une ouverture politique, bien au contraire. Le concept des BRIC a donc perdu de sa pertinence. Cependant, il visait à montrer que l’on se dirigeait vers un monde plus complexe. Cet aspect-là reste parfaitement juste. L’ascension des BRICs, c’est l’apparition du monde multipolaire dans lequel nous vivions aujourd’hui.
Chaque vendredi à 7h20 dans la matinale, Vincent de Féligonde, chef du service économique et social de La Croix, et Marc Pourroy, économiste et maître de conférences à l'Université de Poitiers, livrent leur analyse sur l'économie en France et dans le monde.
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