Les débats économiques de la campagne électorale

L'économie, un thème central de la campagne 

Emmanuel Macron, propose de renouveler les outils qu’il a mis en place lors de sa présidence, à savoir le bouclier sur le prix du gaz et les chèques énergies pour les ménages pauvres, dont j’avais expliqué la rationalité sociale dans une précédente chronique.

Face à lui, Marine Le Pen propose de baisser la TVA sur les carburants, le gaz et l’électricité. L’avantage de sa mesure est qu’elle aurait un effet immédiat. Cependant, outre le fait que cela revient à subventionner les énergies polluantes, cette mesure impacterait le niveau des prix, mais non pas leur volatilité, à l’inverse du bouclier proposé par Emmanuel Macron.

Quid du système des retraites ?

De manière symptomatique, la discussion s’est focalisée sur l’âge de départ à la retraite, alors que ce n’est qu’un paramètre parmi bien d’autres. Cela révèle la difficulté des candidats à amener les citoyens vers des sujets complexes.

Emmanuel Macron propose de repousser l’âge de départ à la retraite à 65 ans. Une mesure clairement impopulaire. Par ailleurs, selon de nombreux économistes, il est possible d’assurer le financement du système de retraite sans avoir à en passer par là.

Davantage qu’une mesure économique, cette proposition me semble donc avoir pour but de montrer que les 5 années de pouvoir n’ont pas fait perdre à Emmanuel Macron son esprit réformateur.

A l’inverse, Marine Le Pen propose de revenir à la retraite à 60 ans. Cette proposition est attrayante, mais malheureusement la candidate n’explique pas comment elle financera ce système, ni comment elle fera face au vieillissement de la population. On touche ici un gros problème du programme de Marine Le Pen: son chiffrage économique n’est pas cohérent.

Finance et chiffres : les candidats sont-ils crédibles ?

Pour évaluer la solidité du programme d’un candidat, les économistes regardent d’une part si les chiffres avancés sont fiables, et d’autre part si les prévisions de nouvelles dépenses pourront être financées par les réductions prévues par le candidat ou la candidate.

Jean Tirole, prix Nobel d’économie et professeur à Toulouse, s’est attelé à cet exercice.

S’il valide la solidité du programme d’Emmanuel Macron, sa conclusion vis-à-vis de la candidate du Rassemblement National est sans appel. Je cite :"Le programme économique de Marine Le Pen est dangereux pour la France".

 Il montre non seulement que son programme de dépenses est très sous-estimé mais en plus qu’il ferait exploser les inégalités. Il est ainsi de sa proposition d’exonérer les moins de 30 ans de l’impôt sur le revenu. Avec cette mesure de Marine Le Pen, un jeune entrepreneur de 29 ans qui gagne 10 000€ chaque mois ne paierait pas d’impôt, à l’inverse d’un couple de trentenaires ayant des revenus modestes. On a du mal à saisir la logique. Ce type d’incohérences flagrantes se retrouve sur des sujets aussi variés que la politique européenne, les services publiques, ou encore la politique climatique.

Au final, si le programme d’Emmanuel Macron ne fait toujours pas l’unanimité, Marine Le Pen aura réussi la prouesse de mettre d’accord 380 économistes universitaires français, de tout courant de pensées et de tout bord confus : ils publient cette semaine une tribune dans l’Express est intitulée « Le projet de Marine Le Pen est un risque réel pour le pouvoir d'achat ».