Avec le déclin de la biodiversité, l'espèce humaine redécouvre enfin combien elle est dépendante des autres espèces. Une prise de conscience récente, qui soulève de nombreuses questions. L'être humain est-il l'égal de l'animal ? Pour évoquer les questions éthiques au cœur de la relation homme-animal, Frédéric Mounier reçoit le Père Éric Charmetant, philosophe et professeur de philosophie au Centre Sèvres (Paris).
Le 1er décembre 2021 est sorti en salles le film "Animal", qui soulève de nombreuses questions sur l’éthique des animaux. Le nouveau documentaire de Cyril Dion, réalisateur du très remarqué "Demain" (en 2015), permet de se rendre compte de la complexité de certaines situations. Ainsi, on voit dans un élevage industriel de lapins, un agriculteur qui semble être plus l’esclave d’un système qu'un de ses défenseurs. De même, le film permet d'aller au-delà de l'opposition entre agriculteurs et écologistes au sujet du loup, car il montre pourquoi les loups en viennent à attaquer et tuer au-delà de ce qu’ils peuvent consommer.
Surtout, il y a "quelque chose de très réussi dans ce film", selon le Père Éric Charmetant, c’est la façon dont il montre l’interdépendance du vivant, "et que notre vie dépend de ces grands équilibres". On assiste justement depuis quelques années à une prise de conscience de cette interdépendance. On parle beaucoup des abeilles, mais aussi des fourmis, des termites… Et un grand nombre de publications sortent sur l’entrelacement des formes de vie. "C’est quand même une conviction nouvelle par rapport à cette puissance de l’être humain qui a l’impression qu’il peut vivre sans les autres humains, d’une part, et sans les autres êtres vivants."
Cette prise de conscience d’une interdépendance doit-elle nous faire croire que l’espèce humaine est au même niveau que l’espèce animale ou bien y a-t-il une singularité de l’espèce humaine ? "On ne peut pas nier, répond Éric Charmetant, qu’il y a une forme d’asymétrie dans la responsabilité humaine envers les animaux. On ne peut pas demander à un animal d’être responsable de nous…"
On peut en revanche reconnaître l’importance des autres formes de vie. Et de notre proximité avec les autres espèces - ne serait-ce que d’un point de vue génétique, nous avons 98,6% de gènes en commun avec les chimpanzés ! Mais il existe une autre manière de prendre conscience de cette proximité : "Nous sommes tous des créatures de Dieu. Il y a une relation de Dieu à tous les êtres vivants, qui est différente selon les espèces." Comme le dit le pape François dans Laudato Si’, les autres vies ont une valeur intrinsèque.
Il ne s’agit pas tant de se demander si l’homme est supérieur ou égal à l’animal mais de prendre conscience qu’il incombe à l'homme une responsabilité, que les autres espèces n’ont pas. "Je pense qu’on a beaucoup à faire parce que si on avait vraiment conscience que les animaux sont des créatures de Dieu, on s’interrogerait davantage sur nos modes de production…"
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