Comment combattre la précarité menstruelle ? Avec nous pour en parler, Isabelle Chasson, chargée de projet ARU et coordinatrice départementale de lutte contre la précarité menstruelle et Nadia El Bouga, sage-femme, sexologue clinicienne, doctorante en sociologie, animatrice d'ateliers et formatrice.
Agir concrètement contre la précarité menstruelle de jeunes de 12 à 25 ans sur le territoire de l’agglomération d’Angoulême et sensibiliser plus largement autour. C’est l’enjeu d’un projet en cours porté par l’Association Régie Urbaine, la régie des quartiers prioritaires de Grand Angoulême. Intitulé « Nouvelles règles dans les quartiers », il part d’un constat sur la réalité de la précarité menstruelle. Un projet qui s’inscrit dans une continuité d’actions de lutte sur le sujet pour l’Association Régie Urbaine.
En 2020, la précarité menstruelle touche près de deux millions de femmes en France. Après le COVID, Isabelle Chasson nous révèle que ce chiffre atteint quatre millions. Pourquoi une telle augmentation ? « La précarité menstruelle est avant tout un tabou » pour Isabelle Chasson. S'ajoutent à cela des problèmes financiers pour acquérir des produits d’hygiène et un manque d’informations sur les règles, explique-t-elle.
Justement, les objectifs de l’Association Régie Urbaine sont d’améliorer les conditions de vie et le pouvoir d’agir dans les quartiers prioritaires contre la précarité menstruelle. A l’origine, cela s’est traduit par un constat au sein de l’épicerie solidaire du quartier de Bassot. « Les femmes [qui s’occupent de l’épicerie] nous ont fait part du manque cruel de produits d’hygiène dans leur commerce. Notamment de protection périodique ». Les femmes elles-mêmes, avec le soutien de l’association, sont rentrées dans l’action pour créer des produits menstruels lavables mis en vente dans les rayons du commerce de proximité à 20 % du prix du marché.
L’action passe aussi par la distribution de kit menstruelle dans le Grand Angoulême en partenariat avec des créateurs de la région, dont une marque bordelaise de culottes menstruelles Goguette qui seront distribuées dans les kits.
Pour Nadio El Bouga, la précarité menstruelle n’ébranle pas que les femmes des quartiers prioritaires. « Il y a cette réalité biologique et universelle », parfois méconnue de certains professionnels. C’est pour cela que l’ARU concentre une grande partie de son activité sur la sensibilisation. « Nous allons mettre en place un temps de formation pour les professionnels avec la mission locale ou l’école d’art du Grand Angoulême, [parmi d’autres] », révèle Isabelle Chasson.
Comment soutenir le projet ? D’abord, avec la plateforme en ligne jadopteunprojet.com. Pour un euro par contributeur pour le projet, un don supplémentaire d’un euro sera versé par le Grand Angoulême et un euro par le Crédit agricole. Nadia El Bouga insiste : « Soutenez-nous, [...] [pour que les femmes] puissent jouir de leurs droits et que cette réalité biologique ne soit plus un handicap. »
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